Les fils cachés d'Hitler: Sur les traces du caporal peintre en Flandres

Le contenu nous a largement déçu. On s’attendait à suivre, sinon pas à pas, du moins dans les lignes essentielles le parcours en France et en Belgique d'Hitler or ce n’est pas le cas. Même pour quelqu’un qui n’est pas un béotien, on a du mal à suivre le récit. En fait est bâclée en huit pages, l’histoire d’Hitler durant la Grande Guerre (pages 27 à 34), sans jamais nous préciser d’ailleurs si les lieux cités sont en France ou en Belgique.

Il faut faire très bien attention à ces phrases, sans que l’on sache pour quelles dates elles concernent notre "génial personnage en devenir" (l’expression est de nous) : « La ligne de front est située entre Fromelles et La Bassée. L’état-major a installé ses quartiers à Wavrin, sept kilomètres plus au sud, soit une heure de bicyclette à peine. Les officiers occupent la villa cossue d’un médecin, parti lui-même à la guerre : le docteur Capelle. (…) une jeune et jolie fille, très discrète et plutôt sérieuse Hélène Leroy s’occupe de la cuisine. C’est dans cette pièce que Adolf Hitler passe le plus clair de son temps. (…) Le soir, Adolf Hitler regagne son logement de Fournes. (…) cet établissement utilisait parfois les services de Louis Lobjoie, le père de Charlotte ». (pages 30-31) Fort maladroitement, l’auteur donne cette information capitale de la fréquentation par Hitler de Charlotte Lobjoie, en incitant à ne pas la retenir car il l’introduit par "pour l’anecdote". L’ouvrage va assez largement développé ce que l’on peut savoir de Charlotte Lojoie et de son fils, or depuis des dizaines d’années on connaît tout cela. Pour mériter son titre, on aura mention de deux autres fils présumés : l’un rapidement envoyé aux oubliettes (en l’occurrence Franck Weber, qui prénomma son fils Hitler, et était certainement un peu mythomane) et le fils d’Hélène Leroy, la piste inattendue et pertinente, qui est défendue par l’historien Werner Maser mais expédiée en quelques mots par Daniel-Charles Luytens.

Les pages 67 à 146 seront indigestes pour tous ceux qui n’entendent pas dresser les caractéristiques psychologiques du fils de Charlotte Lojoie ; il s’agit du courrier échangé entre ce dernier et l’historien Jacques de Launay et aurait très bien trouvé sa place en annexe. Mais avec cinq autres annexes pertinentes de quarante pages, on aurait atteint 120 pages d’annexe pour 60 pages. Les documents photographiques, avec en particulier des reproductions d’œuvres d’Hitler montrant les ruines causés par la guerre, on attendait le portrait qu’il a peint de Charlotte Lojoie.

La mère de Franck Weber est donnée infirmière dans un hôpital où Hitler est soigné, mais ce lieu Beelitz est  porté à notre connaissance, sans une fois de plus nous le situer. Wikipedia nous apprend qu’il s’agit d’une commune fort proche de Berlin, renommée aujourd’hui pour son musée des asperges. Il faut donc comprendre que Franck Weber était allemand, l’auteur ne nous disant simplement qu’il s’est engagé dans les SS. Alors que Thomas Weber explique bien que le grade d’Hitler correspond en gros à soldat de première classe, on lui retrouve le titre de caporal sous la plume de Daniel-Charles Luytens, car le livre a été écrit bien avant la sortie de l’ouvrage "Les fils cachés d'Hitler: Sur les traces du caporal peintre en Flandres". Rappelons que sur une chaîne belge puis sur France 5 est passé fin 2014 un documentaire intitulé "Hitler, mon grand-père ?"