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SS wallons

SS wallons
Jourdan275 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Avec Modeste mais sans gagner la Pompon"

Environ 2 500 légionnaires wallons morts sur le front de l’est d’après un témoin (mais il est vraisemblable que l’on soit dans l’ordre de la moitié moins), le premier départ de volontaires s’est fait le 8 août 1941 de Bruxelles. Tous ceux qui participeront aux combats dans cette unité, d’abord de la Wehrmacht puis de la Waffen-SS, ont rencontré Degrelle le dirigeant rexiste. 

« Pour Léon Degrelle, être belge, c’était être et voir grand. Pour lui, la Belgique, c’était la richesse, la grandeur des Ducs de Bourgogne, mais aussi leur autorité et leur discipline » (page 9)

Pour le mouvement rexiste, l’héritage bourguignon est la référence et le désir de Degrelle est de voir entre l’Allemagne et la France (ou du moins ce qu’il en restera) se constituer un nouvel état qui couvrirait en gros les régions dominées par Charles-le-Téméraire (donc y compris la Picardie, les Ardennes  et la Bourgogne). Il n’est malheureusement pas donné en photographie mais le fanion de la Légion wallonne porte la croix de Saint-André, le patron de l’ordre bourguignon de la Toison d'Or comme nous le voyons ci-dessous (avec en plus une connotation chevalresque).  Entre eux les légionnaires s’appellent les Bourguignons.   

Léon Degrelle est surnommé "Modeste" par ses propres troupes et rappelons que "Modeste et Pompon" est une BD créé en 1955 par le belge André Franquin où Modeste est un jeune homme qui a pour fiancée Pompon.  C’est là la seule petite pique envoyée au dirigeant rexiste, on sent que dire quelque chose qui ne serait pas hagiographique sur Degrelle relève du tabou pour les interlocuteurs de l’auteur. Une autre information sur Degrelle est l'importance qu'il accorde au nombre de morts dans la Légion wallone, comme gage face à Hitler de son apport au combat de ce dernier. 

"SS wallons" est le titre de la page de garde, le seul qui compte pour une indexation par des bibliothécaires ; par contre la page de couverture du livre est "SS wallons : l’histoire de la légion wallonne de Hitler". Ce qui fait le grand intérêt du livre est qu’il n’est pas ce qu’il annonce là. En fait on a une suite de témoignages d’anciens qui racontent leur guerre sur le front de l’est. C’est très brut, dans tous les sens du terme et on comprend un peu mieux le chemin qui les amenés à cet engagement, certains aspects des combats en Russie et la bonne conscience qu’ils ont gardé vis-à-vis de leurs actions sous cet uniforme. Avec  l’image positive qu’ils veulent donner de leurs camarades, ils stigmatisent les déserteurs dans leur rang, sans jamais  expliquer les raisons possibles de ces nombreuses désertions. Le livre ne le dit pas mais en février 1944 après la mort au combat du lieutenant Lucien Lippert, le commandant de la légion wallonne devient en juin 1944 le major Hellebaut que les  Allemands firent sortir de l'oflag pour cette occasion. Ce dernier combattra jusqu’à la reddition du mai 1945.

La haine du russo-mongolo-rouge transpire toujours (parfois vraiment très fortement) et s’il n’est pas inintéressant de voir quelles horreurs ont pu commettre les soldats de l’Armée rouge, on n’a jamais l’ombre d’une allusion aux mesures prises par l’armée allemande contre les populations de toutes origines à l'est.

Pour qui a visité le Musée de l’Armée à Bruxelles ou sait que le général Wrangel est mort en 1928 en Belgique, il n’y aura pas d’étonnement d’apprendre que quelques Russes blancs (ou leurs descendants) étaient présents dans la Légion wallonne, comme le Capitaine G. Tchekhoff dont le témoignage a été recueilli en 1951 à Buenos-Aires (il décèdera dix ans plus tard). La première édition de "SS wallons" date de 2010, aussi on aimerait connaître les sources de cette interview. L’auteur a certainement rencontré des vétérans, d’ailleurs l’un d’entre eux nous raconte son pèlerinage en Ukraine en 1994 (avec visiblement une haine bien ressassée pendant des années à l’encontre des soldats soviétiques). Quelques regrets comme celui de ne pas savoir qui parle entre les pages 182 et 188 et de gros doutes, vu la présentation choisie pour savoir qui est le témoin à certain moment. Il est à noter qu’à certains moments Daniel-Charles Luytens rend anonyme certains personnages, comme l’aumônier, il s’agit de l’abbé Salesse.   

Les photographies d'époque sont abondantes. En résumé voilà un livre qui plaira à tous ceux qui ont un minimum de connaissance sur le front est durant la Seconde Guerre mondiale et qui ont entendu parler du mouvement rexiste (qui évolue du catholicisme social vers le fascisme). Et quand je dis à tous, c’est aussi bien aux sympathisants de l’Extrême-droite, qui seront admirateurs devant ce qu’ils interpréteront comme une épopée, qu’à ceux qui verront que le fond de la pensée de gens qu’ils considèrent comme fascistes transparaît même sous un discours prenant des formes aseptisées. La BD "Anton Six", parue ensuite, sous le titre "Kriegsspiel" (de Bocquet et Arnzud) est un album de bande dessinée évoquant  les derniers combats entre armée allemande et armée rouge après la reddition du 8 mai 1945, un des personnages est le Belge Léon Lacour de la SS Freiwilligen-Grenadier 28e division SS Wallonie.  

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 752 avis déposés - lecteur régulier

04/08/17
Dans un autre de ses ouvrages dont j'ai oublié le nom et qui traite des mystères ou des aspects inconnus du 3e Reich, M.Luytens reprend à la virgule près un texte par dans Europe Magazine des années 40. Pour ce qui est du présent ouvrage, il a "piqué" des pages à droite et à gauche de livres écrits par d'anciens de la Légion Wallonie dont "Mets ta robe de bal" de Philippet. Il sait qu'il ne risque certainement pas de réaction des auteurs ceux-ci étant encore exécrés par une large frange de la population.On n'apprend pas grand-chose de nouveau à la lecture de ce machin sauf souvent des réminiscences de livres déjà vus quelque part. Beaucoup de photos sont vues dans le livre de Mabire ou ceux de Eddy Debruyne qui a consacré de nombreuses années à ce sujet, aux 10 volumes "fully illustrated" de Wim Danau, à celui de Charlier qui a interviewé le "Beau Leon" de son vivant et encore à celui de Lefebvre qui rassemble plus de 2000 photos de la Légion.
752 critiques
06/08/17
Les cas Elias et Hellebaut
http://www.resistances.be/amnistie05.html
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