Du tsarisme au totalitarisme

Alors que l’on s’attendait à un ouvrage qui, par son titre, n’évoque que la Russie on est là dans un univers historique qui couvre l’ensemble de ce qui deviendra l’Europe de l’est après 1945 (un espace que l’auteur désigne lui, en matière de longue durée, sous le nom d’"Europe byzantine"). Ceci, ajouté à un rappel de la situation en Russie depuis le tout début du XXe siècle, rend cet ouvrage très accessible à la compréhension d’interactions.

L’auteur, économiste de formation, fait sentir en quoi les objectifs d’industriels ou banquiers allemands, américains, français et anglais ont pu avoir de l’influence sur la politique de leur pays avant 1914 et dans la non-application de certaines clauses du Traité de Versailles. On apprécie que la situation complexe des pays baltes et de la Pologne entre 1917 et 1922 soit intelligemment vulgarisée. Par ailleurs on approche là l’idée que la première remise en route de l’économie russe par les soviétiques se fait en coopération avec des firmes allemandes, anglaises et américaines.

Suite à la répression du Printemps de Prague, des Tchécoslovaques avaient écrit sur des murs : « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous ». Ce ne sont donc pas les trotskystes français qui lancèrent ces mots, comme il est écrit page 161. M’a aussi chagriné le titre tout en majuscule d’imprimerie du chapitre 5, d’abord parce qu’il manque visiblement un accent au troisième mot (en fait il semble que l’on est mis un seul accent sur les trois nécessaires, ce que l’auteur n’est pas directement responsable) et ensuite parce qu’on ne voit pas de quel empire il s’agit ; il me semble que l’auteur veut désigner l’Allemagne par "l’empire", or on est passé à la République de Weimar. La phrase en question est : "L’EMPIRE SAUVE PAR LA DÉFAITE ALLEMANDE ET LES TRAITES DE PAIX". On a d’ailleurs quelques autres maladresses dans la forme, comme une note 19 page 45 au contenu identique à une note 20 page 47.