La laïcité organisée en Belgique francophone

L’ouvrage est sous-titré Un culte pas comme les autres. L’idée est d’avancer que le  Centre d’action laïque a euphémisé la laïcité   en prônant l’impartialité de l’État plutôt que la Séparation de l’Église et de l’État. Ce CAL est né en 1969 des suites de l’incendie à Bruxelles du grand magasin L’Innovation. cet évènement avait eu lieu le 22 mai 1967 et il causa la mort de 251 personnes et fit 62 blessés. Trois jours après, se déroule une cérémonie œcuménique de funérailles à la basilique du Sacré-Cœur à Koekelberg où les familles laïques n’ont aucun représentant officiel.

À l’origine, douze associations portent la fondation du CAL, dont la Fondation Magnette-Engel-Hiernaux, l'Association Ernest De Craene, la Ligue Humaniste, la Fondation pour l'Assistance Morale aux détenus, l'Union des Anciens Étudiants de l'ULB, la Pensée et les Hommes, la Famille Heureuse de Liège, Les Amis de la jeunesse Laïque. Certaines personnalités soutiennent le projet telles que Robert Hamaide, G. Van Houte, J. Schouters, R. Dille, J. Bernard, R. Toussaient et Lucia de Broukère (qui, en1934, fut élue comme présidente du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme). En 1972, les organisations laïques adoptent comme logo un flambeau au milieu avec trois silhouettes à gauche et autant à droite. Le symbole renvoie à « la lumière nécessaire à la recherche de l’épanouissement optimal de l’Homme [ et de ] la lucidité qui éclaire la marche du progrès. Les silhouettes humaines représentent quand à elles la fraternité universelle » (page 125).

Notre auteur ne s’intéresse qu’à l’univers francophone d’outre-quiévrain toutefois, beaucoup moins dynamiques, existe du côté flamand une organisation laïque intitulée Unie Vrijzinnige Verenigiengen  (l’Union des Associations libérales) ; elle a été fondée en 1966.  Le sens que prend "laïcité" en Belgique renvoie à un univers convictionnel spécifique où se présentent conjointement l’athéisme, la libre pensée et l’humanisme. La reconnaissance des cultes a été progressive : 1831 pour la catholicisme et le judaïsme, 1835 pour l’anglicanisme, 1876 pour des cultes protestants, 1974 pour l’islam, 1985 pour l’islam et 2002 pour la laïcité. Le bouddhisme n’a pas obtenu de reconnaissance car il est en marge de la religion (se proclamant adogmatique) et de la pensée philosophique.  Tout culte reconnu reçoit une aide financière de la part de l’État.

En Belgique, le mouvement laïque est la seconde communauté convictionnelle par ordre après l’Église catholique (quoique bien moins importante que cette dernière). La laïcité a progressivement mis en place certains traits des organisations cultuelles et pour marquer les chaque étape de l’existence humaine, ont été offert des rituels et des cérémonies (parrainages et marrainages laïques, fêtes de la jeunesse laïque, mariages laïques, funérailles laïques).

Pour mener un travail social, comme les cultes, le mouvement laïque se lance dans des actions en direction des usagers de drogue, des prostituées, des réfugiés, des personnes  incarcérées, de gens discriminés en raison de leur orientation sexuelle, de personnes résidentes en établissement spécialisé ou individus hospitalisés temporairement ...

La laïcité belge est politique et philosophique. La sécularisation de la société a rendu moins pertinente l’opposition à la religion catholique largement dominante en Belgique, quoique les combats persistent sur des sujets comme l’IVG et les modalités de fin de vie. Si l’opposition avec le catholicisme persiste sur le plan des valeurs morales, une montée d’intolérance envers l’islam est apparue dans certains milieux laïques. La Belgique, dès sa création, assure la liberté de conscience et l’égalité devant la loi tout en finançant les cultes qui sont reconnus. Ce dernier point amène les laïques à calquer un certain nombre de missions assumés par des religions afin de gagner une représentation officielle.