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Un simulacre de laïcité: L’échec du sécularisme dans le monde anglophone

Un simulacre de laïcité: L’échec du sécularisme dans le monde anglophone
L’Harmattan244 pages
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Avis de Benjamin : "Défendre la laïcité héritée des valeurs des Lumières"

Cet ouvrage est paru en 2022 à Montréal sous le titre Stillbirth, the failure of secularism in the English-speaking world. Dans son avant-propos le philosophe Normand Bailleron lie, comme David Rand, le wokisme à l’abandon d’une conception de la laïcité héritière des Lumières pour une pseudolaïcité lockéenne.

 

Notons d’ailleurs qu’un conséquent lexique de vingt-sept pages vient définir, en fin de ce livre, environ soixante-dix termes. Parmi les définitions de concepts, on en relèvera trois permettant de se faire une idée de l’ensemble du discours tenu ici.   

 

« Laïcité ouverte (Avis : Terme galvaudé et douteux). La Laïcité ouverte est au fond le pseudosécularisme, voire l’antisécularisme, du XXIe siècle, étant donné que le qualificatif "ouverte" implique qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec la laïcité, qui doit être corrigée en l’"ouvrant". En réalité, la laïcité "ouverte" signifie ouvrir l’État laïque aux privilèges et à l’ingérence religieuse, compromettant ou détruisant ainsi sa nature laïque. Selon le philosophe Henri Peña-Ruiz, la laïcité ouverte est le "masque verbal du combat antilaïque". »

 

« Sécularisme lockéen. Une forme de pseudosecularisme qui suit la stratégie de gestion étatique de la diversité religieuse. Bien entendu, Locke n’a pas utilisé le mot "secularism" car ce terme anglais n’a été inventé qu’au milieu du XIXe siècle, par George Jacob Holyoake ».

 

« Communautarisme. Le communautarisme est un synonyme approximatif du multiculturalisme, en ce qu’il implique d’accorder une plus grande importance à la communauté – souvent une communauté ethnique ou religieuse – à laquelle une personne appartient, qu’aux principes universels pour lesquels de telles appartenances ont beaucoup moins de signification.    

 

L’approche communautaire implique une incapacité à distinguer pleinement entre l’individu d’une part, et la croyance, l’idéologie ou l’identité de sa communauté d’autre part. Elle tend ainsi vers un déni de la liberté de conscience en enfermant le croyant dans la communauté dans laquelle il est probablement né (ou a peut-être rejoint plus tard dans la vie). Le communautarisme est donc incompatible à la fois avec l’universalisme et avec la laïcité. Au pire, le communautarisme conduit à la ghettoïsation et à la ségrégation, comme lorsqu’une minorité religieuse devient dominante dans une banlieue particulière en vertu de codes vestimentaires, de restrictions alimentaires et d’autres contraintes religieuses ».

 

Notre auteur propose de décrire la neutralité religieuse telle qu’elle se présente aux USA, en Grande-Bretagne et au Canada anglophone. Il compare ces conceptions avec celles bien différentes en cours au Québec, en France et discrètement dans le canton de Genève. Dans ces pages sont évoqués notamment l’assassinat de Samuel Paty, l’affaire Mila, la question de l’interdiction des signes religieux, l’amalgame qui pointe entre ethnicité et religion.

 

On relève en particulier :

« Ainsi, une interdiction des signes religieux qui s’applique à tous et à toutes, ainsi qu’à toutes les religions, est anti-discriminatoire et anti-misogyne » (page 110).

« La racialisation de l’appartenance religieuse n’est qu’une des nombreuses façons dont le mouvement antiraciste actuel s’est écarté de son objectif principal de lutte contre la racisme. Ce mouvement a abandonné l’universalisme et est désormais obsédé par l’identité raciale (et par d’autres identités) de chacun et de chacune. (…). Pour la justice sociale, c’est la classe qui est déterminante. Mais les divisions de classes ne correspondent pas nécessairement aux divisions raciales » (pages 160-161).

« La déclaration réinvente la race en l’associant à l’appartenance religieuse pour "raciser" les croyants afin que leur croyance devienne une caractéristique essentielle qui doit être acceptée comme immuable et incontestable. En conséquence, la religion devient inviolable et à l’abri de la critique » (le texte, auquel il est fait allusion dans les pages 163 et 164, est tiré d’un article paru en mars 2017 dans le grand journal québécois Le Devoir au contenu en totale opposition avec les idées de l’auteur) ;

« La laïcité n’est ni ouverte ni fermée. C’est un équilibre, la recherche d’un équilibre approprié entre différents droits qui seraient en conflit si cet équilibre n’était pas atteint » (page 207).

  

 

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Benjamin

Note globale :

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