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Les cathares

Les cathares
Ampelos418 pages
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Avis de Ernest : "La vision gnostique des cathares"

À la fin du XIIe siècle, on a une implantation d’Églises cathares en Rhénanie (on a même là des traces d’évêques cathares dès le début de ce même siècle), dans le Languedoc ainsi que pour certains espaces du nord et du centre de l’Italie (comme Milan, Florence ou Spolète). Le gnosticisme affirme que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu inférieur mauvais ou imparfait. Les cathares ne perçoivent cependant pas Satan comme un Dieu.

Jusqu’à présent tous les livres sur le catharisme étaient essentiellement des ouvrages sur la Croisade des Albigeois et très peu de place était là consacrée là aux idées véhiculées par cette religion. Quand c’était le cas, il y avait reprise des arguments développés par ses adversaires ; ces derniers lisaient cette hérésie en l’assimilant sans nuance à des mouvements religieux ayant existé  la fin de l’Antiquité. On sait que l’étymologie de cathare est à chercher dans un mot grec signifiant "pur" ; les premiers à l’employer sont Eusèbe de Césarée au tout début du IVe siècle dans son Histoire ecclésiastique et saint Augustin à la fin du même siècle. Les écrits de ce dernier sont repris, sous la plume du moine bénédictin Eckbert de Schönau au XII e siècle, pour désigner des hérétiques de la région de Cologne, dont il ne connaît pas grand-chose. Voici donc des gens qui se voient affublés de dualisme, une croyance à l’origine manichéenne ; cette opinion est largement à nuancer mais colle définitivement aux cathares du Midi du royaume de France. Assimiler les cathares à des manichéens permettait de justifier leur répression par la mort, puisque l'empereur Justinien avait agi de la sorte au VIe siècle.

Anne Brenon part, pour mener sa réflexion,  de sept textes de littérature religieuse cathare dont l’écriture remonte aux XIIe et XIIIe siècles (les copies qu’on possède de certains datent souvent d’un à cinq siècles de plus). Les cathares ne sont pas monistes dans la mesure où ils pensent qu’il y a deux principes créateurs. L’un est Dieu et l’autre est le diable. « Dieu, qui a tout créé, n’a en fait créé que le tout positif, ce qui est vraiment, c’est-à-dire le Royaume – et n’est pour rien dans le tout négatif ou néant de ce monde » (page 55). Le dernier parfait cathare à être condamné fut Guilhem Bélibaste (qui s’était longtemps réfugié au-delà des Pyrénnées près de Valence dans un village où vivaient alors nombre de musulmans), il déclarait en 1321 : « le Père Céleste ne faisait rien du tout dans ce monde, ni fleurir, ni grener, ni concevoir, ni engendrer, ni former un fœtus ; et de manière générale, en ce monde, il ne faisait rien » (page 407)

Les cathares ne sont pas pour autant manichéens mais profondément chrétiens et se réfèrent tant à l’Ancien qu’au Nouveau Testament ; toutefois uniquement fidèles aux Évangiles, ils récusent toute adjonction postérieure que ce soit en matière doctrinale, liturgique ou sacramentelle. Ils ne reconnaissent notamment pas les décisions des conciles (page 50).

Tous les Rituels cathares sont décrits : le baptême relevant de l’imposition des mains, la pénitence collective, le consolament qui assure le Salut immédiat et définitif de l’âme, le refus du sacrement du mariage (car l’acte de chair n’a pas à être béni), la bénédiction du pain qui n’implique aucune transsubstantiation…

On retiendra « Dans ce bas monde dont Satan est le prince, est enfouie, emprisonnée, endormie, une parcelle de la créature divine. Les Bons hommes suivaient le mythe de la chute, sous deux principaux schémas :

  • Chute de Lucifer, ange de Dieu entré en rébellion contre son créateur (en dualisme encore informel ou mitigé) entraînant avec lui un autre ange (notre père David)
  • Ou chute de Satan lui-même, sous la forme d’un dragon, de l’antique serpent, en bref du diable, c’est-à-dire d’un principe mauvais indépendant de Dieu (en dualisme dit absolu) dont l’Ancien Testament parle avec précision [Isaïe 14,12]. Le chapitre 12 de l’Apocalypse de Jean ajoute même que la queue du dragon, dans sa chute, entraîna avec lui ici bas un tiers des étoiles du ciel ».

Ce livre est sous-titré Enseignement, liturgie, spiritualité, l’apport des manuscrits originaux. Afin de permettre en particulier au lecteur de se faire sa propre opinion, sont présentés et traduits en français à la fin de l’ouvrage : la Charte de Niquita (1167-1223), le Traité cathare anonyme (avant  1200), le Livre des deux principes, le Rituel cathare latin (1250-1270), le Rituel cathare occitan (vers 1300), l’Église de Dieu, la Glose sur le Pater, la Sainte Église et diverses sources issues de l’Inquisition.  

Pour connaisseurs Aucune illustration

Ernest

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