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Hollywood à Shanghai: l’épopée des studios Lianhua 1930-1948

Hollywood à Shanghai: l’épopée des studios Lianhua 1930-1948
Presses universitaires de Rennes456 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Et la future dernière épouse de Mao joua aux studios Lianhua un film au titre prémonitoire"

En effet sous le nom de Lan Ping (蓝苹) c’est-à-dire "Pomme Bleue" la future Jiang Qing, quatrième et dernière épouse de Mao Tsé-toung joua dans "Bain de sang sur la montagne au loup" en 1936, un film réalisé par Fei Mu (ancien élève du lycée français de Pékin) pour les studios Lianhua. Il s’agit d’une fable patriotique, à travers l’union de villageois pour lutter contre les loups, il s’agit d’appeler à la mobilisation contre les Japonais qui ont commencé à dépecer la Chine en créant l’état fantoche de la Mandchourie, en y plaçant le dernier empereur chinois Puyi (détrôné très jeune dans la Cité interdite). Le tournage de "Bain de sang sur la montagne au loup" donne d’ailleurs lieu à une violente dispute entre deux actrices Lan Ping et Li Lili. On peut voir le film dans sa totalité en version originale ici https://www.youtube.com/watch?v=9EKqDL3S2i0

L’âge d’or de la Lianhua est autour de 1935, en effet fondée en 1930 majoritairement par des personnalités de la province de Canton ou du territoire de Hong-Kong, elle dû cesser ses activités avec la guerre sino-japonaise qui courut de 1937 à 1945. La tentative de renaissance de 1946 à 1948 des ses activités fut oblitéré par le début de la nouvelle guerre civile qui  agita la Chine de 1947 à 1949. 

L’ouvrage commence d’ailleurs par étudier quels sont les hommes et les réseaux qui portent ce désir de développement d’un cinéma national chinois à un moment propice, celui où le film muet disparaissant, les propriétaires des salles de cinéma ne peuvent plus compter projeter des films étrangers comme ils le faisaient en grande quantité. La Chine du nord est présente parmi les fondateurs avec des responsables politiques, parmi ceux-ci le juriste Luo Wen’gan qui se trouve être l’oncle d’un des deux plus fortes personnalités du premier groupe à savoir l’homme d’affaires Luo Mingyou qui vivait à Hong Kong. Toutefois lorsque la Lianhua  connut des difficultés financières, l’État ne fit rien pour elle, et elle eut cinq films interdits (pour des raisons morales, dont un pour encouragement à la croyance en les superstitions). La censure se montra aussi hostile en imposant des coupes et ne furent autorisées de tourner que des productions en mandarin, à une époque où quasiment toute la diaspora (déjà fort grande) l’ignore au profit de dialectes originaires de la Chine du sud ; ceci empêche d’amortir le film en partie à l’étranger (ce que peut faire le cinéma produit à Hong-Kong).  

Le personnel de la Lianhua en 1931

L’ouvrage "Hollywood à Shanghai : l’épopée des studios Lianhua" montre bien comment le cinéma doit servir à dégager un esprit national plus fort (dans un pays au statut semi-colonial depuis la fin du XIXe siècle) pour permettre un redressement politique et économique de l’Empire du milieu. Pour cela il faut produire un cinéma de qualité qui ne peut pour autant (en raison des investissements financiers apportés) un cinéma d’élite.

Il s’agit de créer à Shanghai, devenue à la fois la ville chinoise la plus peuplée et la plus tournée vers l’Occident (rappelons qu’Hong-Kong est à part puisque colonie britannique) un Hollywood asiatique. Cela implique la mobilisation de moyens matériels et humains et en effet acteurs, réalisateurs, techniciens se précipitent vers ce nouvel univers où d’ailleurs la Lianhua n’exerce pas un monopole. En effet sont également présentes la Société cinématographique Mingxing, la Tianyi Film Company (crée en 1925 par les frères Shao) et la Xinhua Film Company (fondée par Zhang Shankun en 1934).

Ces réalisations (mais pas le projet)  furent portées par des professionnels qui étaient en très petit nombre membre du Parti communiste chinois en particulier dans les productions de la Mingxing, aussi l’historiographie chinoise s’est-elle centrée sur la valorisation de celle-ci et a-t-elle laissé croire que tous les films montrant la misère du peuple ou des conflits à l’intérieur de la société chinoise étaient des films de gauche largement inspirés par la cellule clandestine du PCC du monde cinématographique. Un des mérites de l'ouvrage "Hollywood à Shanghai : l’épopée des studios Lianhua" est de faire tomber un certain nombre de clichés en menant des recherches poussées sur l’univers de la Lianhua.

Même après l’instauration de la République populaire, l’esprit qui animait les productions de cette dernière se maintient en partie dans nombre de productions réalisées tant à Taiwan, Hong-Kong qu’en Chine continentale. La qualité actuelle du cinéma chinois (de toutes origines) s’explique par l’importance fructueuse de l’héritage des années trente. Un minimum de connaissances de l’univers politique chinois entre 1919 et 1949 facilitera la compréhension du contenu de l’ouvrage.

Voici le contenu du premier chapitre:

1 Des entrepreneurs culturels

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . ..51

Chapitre I – Les hommes et leurs réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Les cercles géographiques : le poids de la bourgeoisie de la région de Hong Kong-Canton..57

Luo Mingyou et Li Minwei . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . .59

La communauté cantonaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . 60

L’élargissement vers la Chine du Nord et les cercles du pouvoir . . . . . . . . . . . . ...... . . . . 63

Le cercle des professionnels : les entrepreneurs de l’industrie cinématographique  . . ………65

Le monde des arts et des lettres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 66

Les entrepreneurs de l’industrie cinématographique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . 67

Des professionnels expérimentés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . 72

 

Chapitre II – L’entreprise cinématographique, entre Occident, Nation et Culture . . . . . .  . . . . . . 77

Les rencontres avec l’Occident . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . 78

Une éducation cosmopolite  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . .80

Consommations et pratiques culturelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82

Un monde en propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . …84

La question nationale et les aléas de la Chine républicaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .  86

Le nationaliste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..87

L’héritage du Quatre-Mai 1919 chez les entrepreneurs culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . 89

Les élites dans la « Chine en folie » et leur ralliement à Chiang Kai-shek  . . . . . . . . . .. . .  . . . .91

La culture, entreprise politique? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . 93

Philanthropie et paternalisme des élites chinoises. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .94

L’éducation populaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ...95

Le cinéma, véhicule de la culture nationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . … 98

 

Chapitre III – Un nouveau cinéma pour une nation en construction.

Le « mouvement de renaissance » du cinéma chinois

au début des années 1930 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... .101

Le constat de crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . ... . .104

Une crise structurelle symptomatique de la question nationale. . . . . . . . . . . . . .  . . . . .. ... ..104

La crise culturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. . . .. . . . . . . . .107

Les solutions proposées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  .109

Une restructuration de l’industrie du cinéma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . …109

Le développement du cinéma éducatif et de la culture nationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110

Les premiers moments de la Lianhua. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..113

Rêve de printemps dans une antique capitale : un film manifeste . . . . . . . . . . . . . . . .  .117

Le projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  …... . .117

Le film et son tournage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . ….. .118

La réception du film et le discours critique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  . . ...121

 

Les autres chapitres ont pour titre : Le déploiement d’un projet (1930-1935), Le mourir d’un projet,Le mourir d’une compagnie (1935-1948), Des « enfants imaginaires » : les films de la Lianhua. On aborde, dans ce dernier chapitre, en particulier des problèmes techniques à toutes les étapes depuis l’écriture du scénario, jusqu’à la projection en passant par le tournage.

En complément à ce très remarquable ouvrage, on pourra lire de la même auteure en ligne "Aller au cinéma pour apprendre à être moderne: L’expérience de la salle de cinéma à Pékin, fin des années 1910 – début des années 1920" à https://cm.revues.org/1108 et le chapitre 9 de "Loin d’Hollywood ?" paru chez Nouveau monde éditions en 2014. 

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Benjamin

Note globale :

Par - 506 avis déposés - lecteur régulier

506 critiques
31/10/15
Compléments à "Hollywood à Shanghai" avec des extraits de films d'environ 45 secondes à 8 mn et en plus un film en entier muet "迷途的羔羊" soit "L'agneau perdu".

https://www.youtube.com/playlist?list=PLjPKBsFDpSt5s_rUzzaQON2Qf0GOCmVAr
406 critiques
28/02/17
New paper on the space of cinema in Shanghai (1919-1943)

https://wms.hypotheses.org/619
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