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Madame de Staël ou l’intelligence politique

Madame de Staël ou l’intelligence politique
Omnibus416 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "Germaine de Staël est morte à Paris un 14 juillet surclassant là son ennemi Napoléon mort à Sainte-Hélène un 5 mai jour du Saint Nectaire"

En fait cet ouvrage est remarquable car il propose une biographie thématique très bien agencée afin de permettre d’accéder facilement à des textes de Madame de Staël, ces écrits de relèvent pas seulement d’ouvrages mais aussi de courriers. Dans l’introduction Michel Aubouin donne quelques indications biographiques sur elle et sa famille, relativise son importance du point de vue de la littérature et souligne son poids dans la pensée politique :

«  en association avec son ami Benjamin Constant, Germaine de Staël a posé les bases d’une pensée politique libérale qui préférait la liberté à l’égalité, la responsabilité à la solidarité, la raison au dogme, l’amour aux convenances » (page III)

De Necker, père de Germaine,  Louis XVI aurait dit que c’était Turgot en pire et on a assisté à e nombreux allers-retours au ministère des finances de la part de Necker. La mère de Germaine tenait un salon fréquenté en particulier par Bernardin de Saint-Pierre, Buffon, Diderot, d’Alembert, le Suisse Jean-François de La Harpe et non Frédéric-César de La Harpe (futur précepteur des grands-ducs Alexandre et Constantin) car il nous semble qu’il aurait été important de préciser le prénom. Pour les femmes on note les présences de Mme du Deffand et Mme Geoffrin. Ainsi Germaine dès qu’elle a atteint une quinzaine d’années se trouve enveloppée par des échanges intellectuels.

Aussi dès son mariage en 1784, alors qu’elle n’a que dix-huit ans, elle ouvre un salon que fréquentent des hommes promis à un grand avenir comme La Fayette, Talleyrand ou Condorcet. Elle n’a pas vraiment de vie conjugale et devient veuve en 1802 ; son mari meurt en à Poligny en se rendant en cure à Aix-les-Bains. Après avoir largement papillonnée, elle épouse Albert Rocca de plus de vingt ans son cadet, officier réformé des armées napoléoniennes.

Michel Aubouin se focalise sur cinq thèmes subdivisés chacun en trois points.  Ces cinq sujets sont : Une femme engagée, Une citoyenne de l’Europe, L’ambassadrice du romantisme, La liberté des femmes, L’éternelle amoureuse. Nous ne citerons à chaque fois qu’un à quatre textes présents sur la bonne dizaine proposée dans chaque chapitre ; ces extraits sont toujours conséquents et tournent en moyenne autour de quatre pages.

Pour le premier chapitre, le premier texte proposé est son récit de l’ouverture des États généraux le 5 mai 1789, une séance à laquelle elle assistait.  Les textes qui suivent dans cette partie, comme dans les autres sont toujours habilement introduits. On a dans les deux premiers chapitres: un commentaire autour de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, son opinion sur la façon dont Bonaparte rallie certains notables et la limitation des libertés qu’il y a sous le Consulat et l’Empire, les conséquences de la bataille de Marengo, la censure à travers l’interdiction de son ouvrage De l’Allemagne... On apprécie que l’on offre un texte critique de Mme de Genlis, dans un conte à clé, sur la perrsonnalité de Germaine.

Le troisième point de ce premier chapitre est celui qui trouvera peut-être le plus de résonnance chez les lecteurs intéressés par l’histoire de la Restauration et de la Monarchie de juillet. Ardente protestante, elle pense que le christianisme est porteur de nombres de valeur qui permettraient de stabiliser une société bienveillante, bien que le catholicisme semble porter un certain nombre d’idées allant à l’encontre des principes de liberté.

«  c’est parce que les Français n’ont pas uni la religion à la liberté, que leur révolution a sitôt dévié de sa direction primitive (…) le christianisme a véritablement apporté la liberté sur cette terre, la justice envers les opprimés, le respect pour les malheureux, enfin l’égalité devant Dieu, dont l’égalité devant la loi n’est qu’une image imparfaite » (page 121)

Le chapitre intitulé "Une citoyenne de l’Europe" nous promet d’approcher, à travers la fiction ou l’essai, ce que notre écrivaine pensait de l’Italie, l’Allemagne, la Russie et  la Finlande (qui vient de passer du royaume de Suède à l’empire des tsars)de l’époque. On s’aperçoit qu’elle a créé l’expression "lien social" (page 199). Dans le pays du tsar elle arrive généralement environ un mois avant les armées françaises puisque Napoléon vient de décider d’envahir la Russie. Elle est reçue par les parents de la future comtesse de Ségur et rencontre cette dernière, il aurait été bon de le préciser pour ceux qui ne feraient pas spontanément le lien avec le comte et la comtesse Rostopochine (pages 226-227).

C’est à Chateaubriand que l’on confie de raconter les derniers jours de Germaine de Staël dans le chapitre "L’ambassadrice du romantisme". Dans le chapitre suivant le contenu de l’ouvrage " La liberté des femmes " c’est à Mme Necker de Saussure ( épouse  d’un neveu botaniste de Jacques Necker) qu’il est confié de présenter le contenu de l’ouvrage de Germaine de Staël sur Marie-Antoinette avant que nous soit proposé quasiment quatre pages de l’ouvrage en question. Ce type de doublage est reproduit pour le roman Corinne.   

Pour le chapitre "L’éternelle amoureuse ", on relève un écrit de Germaine de Staël sur la passiondeux lettres de cette dernière à Benjamin Constant, les pages où dans son roman Delphine notre écrivaine évoque, sous les traits de M. de Lebensi, Benjamin Constant , des pages du journal intime de ce dernier où le couple alors uni rencontre Schlegel (vraisemblablement  Frédéric, une précision aurait été souhaitable).

On sait que Mme de Staël et Benjamin Constant, Froebel, Maine de Biran, ont visité l’Institut pédagogique (comprendre une école de pédagogie active) de Pestalozzi  à Yverdon en Suisse et que Germaine a comparé, à l’avantage de ce dernier, les méthodes éducatives prônées par Rousseau et Pestalozzi. Un extrait de cette opinion, contenue dans De l’Allemagne, pour le premier chapitre, aurait été bienvenu, surtout que Mme de Staël, pas tant parce qu’elle fut mère de six enfants que parce que ce type d’enseignement devait favoriser l’insertion des jeunes dans une société libérale au sens politique du terme car la liberté et la responsabilité individuelle allaient de pair pour Pestalozzi qui pensait que l’école apporterait des solutions à la question sociale.

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Ernest

Note globale :

Par - 318 avis déposés -

318 critiques
10/08/17
À propos du livre Madame de Staël ou l'intelligence politique http://radiorcj.info/diffusions/michel-aubouin-madame-de-stael-lintelligence-politique-paru-aux-editions-omnibus/
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