Avis de VInce1576 : ""La Révolution fut misogyne. Les héroïnes de la Révolution ont perdu""
Cet ouvrage prend le pari d'examiner les parcours, les personnalités féminines de la Révolution.
Dans un plan chronologique, le couple Tulard nous dépeint plusieurs égéries :
- Celles d'avant la Révolution, à savoir les égéries de salon (Madame Necker, Madame de Condorcet...) et en quelque sorte, face à elles, celles de la Cour (la princesse de Lamballe, Madame de Polignac...). Les premières étant celles qui diffuseront les idées de Rousseau et fragiliseront la monarchie. Les autres étant celles proche des cercles du pouvoir et des traditions.
- Viennent ensuite les égéries de la monarchie constitutionnelle : que ce soient celles de la rue (comme Reine Audu qui harangue les foules), l'Amazone Théroigne de Méricourt, celles proche des Girondins comme Madame Roland ou la féministe Olympe de Gouges.
- Celles de la Terreur : la tyrannicide Charlotte Corday, celles des conventionnels, celles de la Contre Révolution (la marquise de la Rochejaquelein), ou celles qui firent chuter Robespierre comme Madame Tallien.
- Enfin ce sera les égéries du Directoire avec notamment Joséphine de Beauharnais ou Madame de Staël...
Toutes ont influencé les hommes qui les entouraient, mais aucune ne pu avoir un rôle public, faute de pouvoir se faire entendre dans les tribunes ou de participer aux grandes décisions.
Bon nombre d'entre elles ont péri sur l'échaffaud, et l'on comprend que le souffle égalitaire de la Révolution ne l'était pas vraiment.
L'ouvrage est fort intéressant, il m'a permis de découvrir l'existence de certaines personnes qui sont peu connues (en ce sens, le livre est remarquable), mais il présente également des portraits fouillés des personnes plus "célèbres" tout en analysant leur système de pensée et ce qui a conduit à leur prises de position (leur enfance, leur mariage...). Dans ce cas, je pense aux remarquables portraits d'Olympe de Gouges ou de Charlotte Corday.
Si ces égéries ont eu un rôle non négligeable, elles n'ont pu inverser la tendance d'une Révolution exclusivement masculine.
Sous l'Ancien Régime, les favorites détenaient ce rôle, si la terminologie a changé et si les égéries les ont remplacées, l'amélioration de la condition féminine, à cette période, fut un échec.
coup de coeur !Pour tous publics Peu d'illustrations Plan chronologique