Avis de Benjamin : "La duchesse d’Aquitaine par le duc d’Aquitaine"
Jacques Chaban-Delmas publie cet ouvrage alors qu’il est président de l’Assemblée nationale et président de la région Aquitaine ; il est surnommé "le duc d’Aquitaine" déjà depuis près de trente ans, du fait de sa grande influence politique dans cet espace géographique.
Ce livre est consacré à Aliénor d’Aquitaine et ce personnage s’est vu offerte un nombre incommensurable de biographies ; après Jeanne d’Arc, elle est le personnage historique français féminin la plus connue.
Jacques Chaban-Delmas explique bien que Louis VII reste marqué par le massacre de Vitry et que c’est en raison de son expiation qu’il décide de partir en croisade. Aliénor est insatisfaite affectivement et lorsque Suger meurt, le roi de France perd un conseiller avisé. Il décide donc de faire annuler son mariage, ce qui est religieusement possible puisque les deux époux descendent au cinquième degré de Robert le Pieux.
L’auteur montre bien que non seulement Henri II, le nouvel époux d’Aliénor, a de nombreux domaines mais qu’il a également une administration bien plus conséquente et efficace que l’administration au service du roi de France.
Si Louis XII est peu intéressé par les relations charnelles, par contre Henri II commence officiellement sa vie extraconjugale en 1166 avec Rosemonde, fille du chevalier Gautier de Clifford. Ceci alors que la reine Aliénor est enceinte du futur Jean sans Terre.
L’auteur montre bien comment les dissensions familiales au sein des princes anglais servent les intérêts du roi de France. Il s’avance quelque peu parfois sur les intentions de son personnage. Il écrit ainsi : « Pressentant qu’après son mari Henri II et son fils Richard, son dernier fils , Jean sans Terre, ne serait pas à la hauteur des intérêts anglais (…) elle veut à nouveau voir ses couronnes unies à la couronne royale ; d’où la chevauchée fantastique jusqu’à Burgos pour en ramener sa petite-fille et la marier avec le fils de Philippe Auguste ; ce qui vaudra à la France sa reine régente Blanche de Castille et de ne pas rencontrer de résistances allergiques à l’absorption de l’Aquitaine » (page 187). Ajoutons que l’intégration de l’Aquitaine au domaine royal français ne relève ni de Louis VIII ni de Saint-Louis mais de Charles VII et 1453 en est la date.
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