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Anne de Bretagne: duchesse et reine de France

Anne de Bretagne: duchesse et reine de France
Fayard 300 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Anne a épousé deux rois de France, un cas unique"

Les ouvrages biographiques pour adultes sur Anne de Bretagne sont aussi nombreux que les gâteaux dans une boîte de petits Lus qui furent longtemps fabriqués en face du château des ducs de Bretagne à Nantes où Anne passa son enfance.

Un petit côté iconoclaste vis-à-vis de la biographie de celle qui est entrée dans la mémoire des Français de l’intérieur et des Bretons (Français d’une extrémité de l’hexagone) est porté au départ par cet ouvrage et on s’en réjouit. Dans l’avant-propos, l’auteure écrit :

« Pourtant, celle qui allait devenir le porte-drapeau de la nation bretonne elle-même. Son père, François II, était seigneur d’Étampes, une cité située au sud de Paris, et avait grandi dans le Val de Loire au sein de la cour du roi de France. Sa mère, Marguerite de Foix, était originaire des Pyrénées et issue de la lignée des rois de Navarre et d’Aragon. La duchesse ne parlait pas breton. (…) De plus, à la cour ducale, cour lettrée et raffinée, on pratiquait le français comme dans beaucoup de cours européennes » (page 8).

Plus loin, dans le corps du texte, on nous dit que la future duchesse est une des rares femmes de l’époque à avoir une très bonne maîtrise du latin (page 24). Par ailleurs son savoir est quasi encyclopédique pour l’époque et elle a en particulier de bonnes connaissances en mathématiques. Pour l’époque le fait qu’elle boîte la dessert quelque peu; elle est aussi de petite taille.

On apprend que le mariage se fait avant que la dispense pour consanguinité, venue du pape, n’arrive. Au-delà du côté globalement intéressant de cette biographie, on a une foule de détails qui ne manquent pas d’intérêt. Ainsi apprend-on que lors de la Guerre folle, qui oppose, entre 1485 et 1488, une coalition de seigneurs à Anne de France (régente de France) qui se prolonge en Bretagne jusqu’en 1491, que le royaume de France tente de couper la Bretagne de tous contacts terrestres. Cela a en particulier comme conséquence qu’en 1473 un pont de bois du village breton de Corcoué est détruit pour supprimer le lien existant avec la paroisse poitevine de Rochesvière (page 87).

L’aventure italienne de Charles VIII est bien explicitée dans son déroulement. On peut lire également que les reines de France ne seront couronnées que jusqu’en 1610. On revient sur le fait que les femmes les plus libres dans l’univers médiéval sont les veuves, quoique Anne de Bretagne soit soumise à de larges pressions. Les trois hypothèses possibles, pour cette dernière, à la mort de Charles VIII sont évoquées dans les pages 150 ; si elle pouvait rester veuve par contre le contrat de mariage de 1491 prévoit qu’Anne ne peut épouser en secondes noces qu’un roi de France. Il se trouve qu’elle connaissait fort bien Louis XII qui avait été un des animateurs de la Guerre folle. Notons que le mariage entre les deux se fait alors que le pape Alexandre VI (un Borgia) n’a pas donné son accord de dispense pour cosanguinité. Vers la fin de l’ouvrage, on apprécie de bien comprendre l’enjeu du mariage entre Claude de France (fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne) et le futur François Ier. On goûte beaucoup à la dizaine d’illustrations.

Pour tous publics Quelques illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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