Avis de Adam Craponne : "Dans la famille de Noailles, je veux le neveu de l’archevêque de Paris"
La famille de Noailles compte un certain nombre de personnages célèbres et à brûle le pourpoint si nous avions à citer un ce serait très vraisemblablement l’archevêque de Paris (sous les règnes de Louis XIV et Louis XV) à savoir Louis Antoine de Noailles car pendant plusieurs années il se refusa à accepter la "Bulle Ugenitus" qui condamnait le jansénisme. Le chancelier d’Aguesseau disait que c’était un homme « accoutumé à se battre en fuyant » et qui, dans sa vie, avait fait « plus de belles retraites que de belles défenses ».
C’est donc à l’autre fils d’Anne (sic) de Noailles (le premier duc de la lignée) que nous intéresserons d’abord à savoir Anne Jules de Noailles. Si le premier duc de Noailles épouse une dame de compagnie d’Anne d’Autriche, le second épouse la fille du duc de Bournonville et il a pour fils Adrien Maurice de Noailles né en 1678 et mort en 1766 qui en 1698 se marie avec la nièce héritière de Mme de Maintenon qui était née en 1684 à Cognac.
Homme de guerre, Adrien Maurice de Noailles fut aussi président du Conseil des finances à la mort de Louis XIV puis membre du Conseil de régence trois ans plus tard. Confronté à des finances dans un état catastrophique, conséquence de la guerre de succession d'Espagne, il parvient à éviter une banqueroute totale au prix de plusieurs banqueroutes partielles et condamna à de lourdes amendes les plus gros financiers de l’État. Un heureux tableau récapitulatif de toutes les fonctions du personnage (en France mais aussi en Espagne) est présent page 60.
François Locuratolo précise page 21 les conditions habituelles dans lesquelles on déclare la guerre et celles dans lesquelles on engage la paix ; dans ces deux circonstances la diplomatie a joué un grand rôle. Il reprend l’idée de Jean Chagniot selon laquelle la paix arrive lorsqu’aucun des adversaires n’a pu s’imposer durablement sur l’autre.
Adrien Maurice de Noailles n'est pas un stratège, il est responsable par exemple du désastre de la bataille de Dettingen en Bavière en 1743 et ses victoires comme Figuières en 1709 ou Ettlingen en 1734 sont dues à une certaine habileté tactique et au courage dont il fait preuve. On sait aussi qu'il intervient rapidement pour repousser un débarquement anglais à Sète en 1710. Par ailleurs il est entouré de conseillers militaires, on a donc du mal à discerner ce qui est dû à sa propre initiative. D’ailleurs l’ouvrage ouvre sur une citation de Lucien Bély :
« L'historien a souvent le souci et la passion de retrouver dans les oubliettes de l'histoire des inconnus illustres qui [...] donnent l'impression d'avoir « échoué », de ne pas avoir été à la hauteur [...] des espérances qu'ils avaient suscitées. »
Toutefois François Locuratolo s’attache à son personnage (qui est tout sauf un foudre de guerre) et écrit dans sa conclusion :
« Entre guerre et paix, entre les cabinets de Versailles et les champs de bataille, Adrien Maurice a développé une double compétence, qui est l’illustration concrète et personnifiée du lien symbolique entre le sabre et la plume ». (page 233)
Pour connaisseurs Peu d'illustrations