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La guerre de succession d’Autriche (1741-1748)

La guerre de succession d’Autriche (1741-1748)
Economica 239 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Louis XV a travaillé pour le roi de Prusse et même pas pour des patates"

Le traité d'Aix-la-Chapelle, qui met fin à la Guerre de succession d’Autriche, est à l'origine, pour des raisons que nous verrons, de deux expressions populaires : "bête comme la paix" et "travailler pour le roi de Prusse" (sont fantaisistes les explications données ici http://sites.arte.tv/karambolage/fr/lexpression-travailler-pour-le-roi-de-prusse-karambolage).

De  1756 à 1763 a eu lieu la Guerre de Sept ans,  Parmentier s’engage dans l’armée et a des responsabilités d’apothicaire.  Capturé par les Prussiens pendant la guerre de Sept Ans, il est tenu prisonnier dans le royaume de Hanovre (alors en union personnelle avec les souverains anglais). Il découvre là les vertus nutritives de la pomme de terre. De retour en France, Parmentier va devenir le porte-drapeau de la culture de la pomme de terre, comme moyen de parer aux famines répétitives.

Notons que durant ce conflit, il y a eu retournement des alliances : l’Angleterre s’alliant à la Prusse et la France combattant aux côtés de l’Autriche. Cette fois-ci, non seulement Louis XV ne gagne rien dans l’aventure mais il perd nombre de colonies, et en particulier son implantation en Inde (elle est cantonnée à cinq comptoirs),  le Québec et l’Acadie mais aussi quelques îles aux Antilles comme Tobago ou la Dominique.  Ce conflit est passé dans les manuels de l’école primaire de la IIIe république pour la perte de "nos colonies" avec l’absence de regrets de Voltaire pour "quelques arpents de neige", expression que l’on trouve dans Candide écrit en 1758 et publié l’année suivante.  

 

"Messieurs les Anglais, tirez les premiers" est l’adaptation du  "Monsieur, nous n'en ferons rien ! Tirez vous-mêmes !" est encore une fois apporté par Voltaire, cette fois dans son essai  Précis du siècle de Louis XIV. Ceci servait à évoquer "la guerre en dentelles" et justement à travers la bataille de Fontenoy qui en mai 1745 permit au maréchal de Saxe de vaincre, près de Tournai, Anglais, Autrichiens et Hollandais commandés par le duc de Cumberland.

On a d’ailleurs une reproduction (page 142) d’une illustration pour la bataille de Fontenoy de Robert Micheau-Vernez pour un ouvrage qu’on aurait aimé voir citer ; en fait il ne fait nul doute qu’il s’agit du livre d’histoire Histoire de France édité par L’École. Cette maison d’édition scolaire, fondée par Raymond Fabry, abandonnera le pédagogique pour le loisir et deviendra L’École des loisirs. Les illustrations tirées de l’un de ces deux ouvrages se retrouvent d’ailleurs pages 46 et 50 (là est donnée la référence du cours).

On a quelques cartes géographiques dont deux sont reprises avec des maladresses qui ont totalement échappées à Fadi El Hage. Page 30 on n’a évidemment que faire des limites de la Bavière atteintes depuis 1816 et surtout si l’on sait qu’à l’issue de la dernière guerre à opposer Frédéric II et Marie-Thérèse, à savoir la Guerre de Succession de Bavière (1778-1779), un territoire bavarois de 2 200 km2 est cédé à l’Autriche. Suprême ironie, cette carte passe pour être tirée d’un ouvrage de 1929 qui préente un titre d’un auteur ayant participé à la guerre en question.

Entre parenthèse, voilà pourquoi Hitler est né là (et a été imprégné du dialecte bavarois), alors qu’avec un père douanier autrichien, il aurait pu naître ailleurs dans un lieu frontalier. Page 120 les Niçois seront surpris des limites fantaisistes du Comté de Nice et du fait qu’il n’appartient pas alors au jeune royaume de Piémont-Sardaigne (apparu en 1720). Par ailleurs présenter une carte (page 108), avec seulement fleuves et villes de Calais à Brède et Liège, en la baptisant pompeusement "Les Pays-Bas autrichiens et les Provinces-Unies" tient carrément de l’escroquerie. 

André Hercule de Fleury, principal ministre du roi Louis XV avait considérablement réduit l’armée française et était isolément opposé à l’entrée en guerre de la France pour soutenir les prétentions du duc de Bavière (avec le titre d’"électeur de Bavière") à la couronne de Hongrie et de Bohême et à l’archiduché d’Autriche, mais en fait pour réduire la puissance des Habsbourg en leur empêchant  de continuer à être empereur du Saint Empire romain germanique.  

De 1741 à 1748 se déroule la Guerre de succession d’Autriche. Le roi de Prusse s’allie avec la France, ennemi traditionnel de l’Autriche, pour s’approprier la Silésie qui appartient à Marie-Thérèse d'Autriche. Toutefois de chaque côté on trouve des alliés et se joignent au camp franco-prussien-bavarois  l’Espagne (évidemment), les royaumes de Naples et de Suède et Gênes. En face Marie-Thérèse a l’appui de l’Angleterre et donc de l’électorat de Hanovre, du royaume de Sardaigne et de la Russie.

Pandours croates (illustration absente de l'ouvrage)

L’Autriche démarre dans des conditions malheureuses le conflit et ce sont déjà les Hongrois en levant 40 000 hommes et les célèbres pandours (des Slaves de l’espace croate) qui vont lui sauver la mise. Le 24 janvier 1742 l’électeur de Bavière Charles-Albert a été élu empereur mais il meurt juste trois ans après et c’est François (anciennement duc de Lorraine), époux de Marie-Thérèse, qui devient empereur. En septembre 1742 les maréchaux de Saxe et de Maillebois font jonction en Bohême mais refusent de livrer bataille, ce qui donna lieu déjà à des expressions parisiennes, cette fois sous forme de vers :

« Voilà les Français qui viennent,

Hongrois, sauvons-nous. (bis)

Nenni, s’écria la reine,

C’est Maillebois qui les mène.

Je m’en fous. »

En janvier 1743 c’est la mort du cardinal de Fleury et peu de temps après lors de la bataille de Dettingen (un village, non loin du cours moyen du Rhin qui faisait partie des possessions de l’archevêque de Mayence), les armées françaises sont défaites par les Anglais et autrichiens réunis commandés par le roi d’Angleterre. Adrien Maurice de Noailles serait responsable du désastre français à cette bataille. C'est la dernière fois qu'un roi britannique commande sur un champ de bataille. Le brabançon Léopold-Philippe d'Arenberg s’est distingué à cette occasion et il prend, après cette bataille, le commandement des armées alliées pour un temps.

Verso de médaille, Charles-Alexandre de Lorraine passe le Rhin et envahit l'Alsace en 1744 (illustration absente de l'ouvrage)

Au début de 1744 on assiste tant à l’invasion de la Flandre par les armées françaises que l’invasion temporaire et limitée à la partie la plus septentrionale en Alsace et c’est Charles-Alexandre de Lorraine, le propre beau-frère de Marie-Thérèse d’Autriche qui mène cette opération.  C’est 1748 qui marque la fin de la guerre de succession d’Autriche par le traité d’Aix-la-Chapelle. La France n’en retire rien car Louis XV ne réclame pas les Pays-Bas autrichiens et le comté de Nice qui sont occupés par les armées françaises. La France accepte même d’expulser le prétendant Stuart Jacques III et son fils, tout les deux meurent à Rome.

Le pays sort ruiné et a montré que son armée, mal commandée à de nombreuses occasions, comptait des faiblesses. Ceci se retrouvera dans les autres conflits du règne de Louis XV. Par ailleurs, on peut peut-être avancé que l'on trouve une moindre part de sièges au profit de la guerre de mouvement.  Du point de vue des pays étrangers on retiendra la montée de la Prusse et l’implication de la Russie dans des guerres entre des pays européens. L’intérêt de cet ouvrage est marginelement d'annoncer les débuts de l'impopularité de Louis XV et surtout de tenir un discours décapant sur ce conflit. Il est d’ailleurs sous-titré Louis XV et le déclin de la France.

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

Bonjour, merci pour votre longue chronique que j'ai appréciée surtout pour la fin, car elle met en lumière l'esprit de mon ouvrage. Je voudrais quand même vous donner quelques précisions par rapport à ce qui vous a titillé. Tout d'abord, les illustrations "non référencées" viennent directement du fils de l'artiste, que je remercie au début de l'ouvrage. Seule l'image du siège de Prague vient d'un manuel scolaire. Quand j'ai demandé l'autorisation de reproduction au fils de l'artiste, celui-ci m'en a envoyé d'autres (la seule référence était l'envoi direct par le fils de l'artiste). Sur la carte d'Italie, si le comté de Nice est bien détaché, c'est parce qu'on parle du duc de Savoie, qui était en même temps "prince de Piémont" et "comte de Nice". Cela permet de mieux saisir les territoires occupés pendant la guerre qui m'a intéressé. Quant à la carte des Pays-Bas autrichiens, il n'y aucune volonté "d'escroquerie" de ma part (terme mal choisi au demeurant). La cartographie est toujours malaisée à établir dans la conception d'un ouvrage (et elle n'est pas mienne, mais je l'ai validée, d'autant plus que je reconnais porter plus d'intérêt au texte en lui-même). La carte que vous avez évoquée est directement issue du livre de 1929 comportant les lettres de Sablon du Corail (la carte de Bavière a été tracée à partir de celle de l'ouvrage, que je corrigerai avec des remerciements dans une édition future). L'intérêt était de localiser la plupart des places évoquées et ce qui m'a satisfait était justement le manque de limites étatiques afin de mettre en valeur les fluctuations des limites territoriales à l'époque moderne. J'espère en tout cas que vous avez apprécié les chapitres en eux-mêmes, appuyés généralement sur des sources entièrement inédites. Prenez la peine de les relire si cela vous dit, vous ne vous sentirez pas escroqué ! ;-)
734 critiques
10/09/17
Tenir de l'escroquerie était une image et n'était pas à prendre au sens propre. Pour moi, il était évident que le comté de Nice était partie d'un ensemble mais pour le béotien il apparaît sur la carte comme une des principautés italiennes autonomes (du fait de l'apparition de lignes frontalières entre le Piémont et le Comté de Nice). De plus, comme je le maintiens, ses limites ont été tracées à la va vite sans prendre la peine de les faire correspondre à la réalité.
J'ai quelques marottes, l'une est de dénoncer toute illustration illisible (qualité de reproduction ou taille) et l'autre toute carte qui ne correspond aux limites des états de l'époque.
Si je n'ai été critique que sur les cartes, c'est que l'ouvrage du point de vue du texte est irréprochable, novateur par certaines idées bien développées et fort bien bâti.
Entre nous, dans ma formation d'historien, j'ai toujours eu une sévère lacune sur la conception des cartes. Pour tout vous dire, la carte d'Italie est issue d'un atlas scolaire de 1910 que j'ai dû au préalable réarranger parce que la frontière au niveau de Briançon était problématique. C'était la meilleure carte dont je disposais. Mais je prends vraiment bonne note de vos remarques sur les cartes. Cela me permettra d'améliorer les prochaines. Que les chroniqueurs du site (dont vous-même, bien entendu) continuent de faire des chroniques, cela permet aux auteurs d'avoir des regards utiles pour aller de l'avant. Merci encore !
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