Avis de Adam Craponne : "Des Tunisiens sont blonds ? La faute à qui donc ? La faute aux Vandales, pas à Napoléon."
Le nom propre d’un peuple "Les Vandales" est devenu un adjectif dépressif, ceci à l’opposé des Francs d’ailleurs. En 1793 l’abbé Grégoire en comparant les destructions révolutionnaires au sac de Rome par les Vandales en 455, avait inventé le mot "vandalisme". Vingt ans plus tard en 476, c’est la chute empire romain d'occident avec la déposition de Romulus Augustule par le général scyre Odoacre, arien de religion. À l’époque le roi des Vandales est encore Genséric qui, né en Panonie (en gros l’actuelle Hongrie occidentale et la Slovénie), vers 399 a vécu tout le périple de son peuple vers la Gaule, l’Aquitaine puis l’Ibérie en 409 avant de passer en Afrique du nord en 429.
L’arianisme se développe jusqu’à devenir la religion officielle du royaume vandale (qui a pour capitale Carthage), les persécutions atteignant une rare violence contre les catholiques sous Hunéric, fils et successeur de Genséric. Ainsi, la persécution arienne de l’époque vandale entraîne à Bulla Regia le massacre de catholiques dans la basilique. L'ouvrage ne développe pas cette dimension religieuse, mais il faut la connaître. Le renversement en 530 du roi Hildéric (favorable au christianisme alors romain et byzantin) par Gélimer fut le prétexte pour l’empereur Justinien de Constantinople pour ouvrir la dernière phase historique de l’histoire du Maghreb central avant la conquête arabo-musulmane.
En 670 avec la fondation de Kairouan par Oqba, les Arabes n’auront plus guère à lutter durant la trentaine d'années qui suit, que contre les rebelles berbères menés en particulier par la Kahena, les forces byzantines ayant été vaincues aussi bien sur terre que sur mer auparavant. C’est donc une histoire du peuple vandale de leur sortie de la Panonie en 401 pour une entrée agressive dans le reste de l’espace romain en 401 jusqu’à 530 qui nous est contée.
Bien sûr auparavant on se sera interrogé dans l’ensemble un premier chapitre sur les origines lointaines plus à l’est de ces barbares. Le deuxième chapitre vise à répondre aux questions de la date où la migration débuta, sur ces raisons et sur les alliés des Vandales dans cette opération. Le troisième chapitre évoque la présence en Gaule et en Espagne et les conflits avec les Goths de 416 à 422. On passe ensuite à une deuxième partie comprenant six chapitres consacrés à décrire l’univers vandale en Afrique du nord. Même si le royaume vandale fut quasiment continental et ne parvint pas à s’implanter en Sicile, des îles comme les Baléares, la Sardaigne et la Corse en relevèrent. En Afrique, pour prendre des repères actuels, son extension maximum se fit de Tanger à Tripoli sur des largeurs variables mais très souvent en lien avec celles du Sahel d’Afrique du nord.
La troisième partie s’intéresse d’ailleurs à la puissance maritime de cet état. L’auteur Yves Modéran est décédé en 2010, c’est donc son collègue universitaire Michel-Yves Perrin qui a relu le manuscrit, vérifiant les notes bibliographiques sans modifier le corps du texte. Il a choisi de ne proposer que le chapitre terminé de la troisième partie, se refusant à mettre en forme les nombreuses notes destinées à terminer cet ouvrage. On a ici le titre qui fera longtemps référence sur l’histoire des Vandales, sur laquelle on manquait cruellement d’informations. Ce livre, on l’aura deviné, nous en dit aussi beaucoup sur l’histoire de l’Afrique du nord et sur la question générale des invasions barbares à la fin du IVe et au Ve siècle dans l’empire romain. L’iconographie tient une bonne place, l’historien se régale devant tant de cartes conçues très pédagogiquement ; il y a aussi des photographies, en particulier de faces de monnaie afin d’imaginer des personnages.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations Plan chronologique