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Les juifs d’Italie à la Renaissance

Les juifs d’Italie à la Renaissance
Albin Michel 212 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Non contrarii, ma diversi"

Nous avions évoqué, dans  Juifs et musulmans en Tunisie d’Abdelkrim Allagui, le fait que des juifs venant à partir de la fin du XVIe siècle de Livourne en Toscane  vont constituer en Tunisie une élite intellectuelle et commerciale. Livourne, devenu port franc, a l’avantage de ne pas compter d’évêché (celui-ci n’est créé qu’en 1806), aussi l’influence de l’Église y est bien plus faible que dans la grande majorité des grandes villes italiennes. De plus le duc de Toscane accorde officiellement en 1591 la liberté religieuse totale aux juifs et marchands étrangers (dont les anglicans), mais toutefois pas aux protestants italiens.

On relève qu’Alessandro Guetta est natif de Livourne, comme le peintre israélite Modigliani. Il est notable que les juifs livournais ne viennent pas dans cette possession de l’empire ottoman à cause de persécutions mais au contraire vont profiter de leurs bonnes relations avec les Italiens résidant à Livourne.

Il est donc intéressant de voir quelles étaient les conditions de vie des juifs en Italie à l’époque de la Renaissance. Il est à rappeler que si l’implantation israélite était ancienne en Italie, elle fut notablement renforcée par l’exil forcé des communautés de la péninsule hispanique. Or depuis la fin du XIIIe siècle la Sicile est aux mains des Aragonais et à partir de 1442 le royaume de Naples revient aussi à ces derniers. En conséquence les juifs du sud de l’Italie, comme ceux d’Espagne, se voient imposer la conversion ou l’expulsion soit en 1492 soit en 1541. Notons qu’en 1575 ce sont Sichel Zacur et son fils Mordachai des Levantins d’Alep, qui sont admis à commercer et à vivre à Pise. Des Juifs ashkénazes quittèrent, principalement au XIVe siècle, l'Allemagne pour l'Italie ; d’autres avaient abandonné le comté de Provence ou le royaume de France.

Dans l’Italie centrale et septentrionale le ghetto s’impose progressivement au XVIe siècle, à Florence il est créé en 1571. Dans ce XVIe siècle, l’Église catholique devient plus intolérante vis-à-vis des juifs car elle fait face à la montée du protestantisme. En Italie on compte de grandes communautés juives à Rome, Venise (qui connaît le premier ghetto), Mantoue, Ferrare (avec de nombreux hispaniques). Les attitudes pratiques des pouvoirs à l’égard des Juifs varient beaucoup de l’un à l’autre des nombreux états de la péninsule.  

Si à la fin du Moyen Âge, les juifs sont, pour l’univers chrétien, des passeurs de la culture arabe, ils portent comme les chrétiens un regard critique sur leurs textes sacrés et les éditent et ont comme une réflexion nouvelle influencé par l’averroïsme et le platonisme. Le paysage littéraire juif est également influencé par la littérature italienne qui lui est contemporaine.

Outre une introduction, l’ouvrage propose sept chapitres intitulés respectivement : "Y-a-t-il eu une Renaissance pour les juifs", "La philologie", Théorie et pratique d’un nouveau style : l’éloquence hébraïque, La poésie et le théâtre, L’activité spéculative : averroïsme, néoplatonisme, cabbale, magie, La littérature italienne des juifs, Le Sanctuaire et le Temple : description et modèles. On bénéficie de surcroît d’une bonne cinquantaine de pages de documents écrits dont un extrait du Journal de voyage de Montaigne et un morceau choisi du texte de la première pièce de théâtre juive en italien. 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

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