Avis de Xirong : "Séjour dans la France de l’intérieur puis retour dans le Sundgau"
C’est le troisième volume d’une série qui pourrait en compter quatre. L’auteure reconstitue la vie de sa grand-mère durant la Première Guerre mondiale dans le premier tome, pour le second on perçoit les difficultés que connaît la France dans sa réintégration de l’Alsace-Lorraine dans l’espace national (la mis en scène à Mulhouse d’une manifestation en 1924 contre la perspective de mettre fin au Concordat en est un des exemples).
Pour ce troisième volume on démarre avec l’arrivée à Paris en 1928 de l’héroïne en quête d’un emploi de bonne. À l’époque il n’y a quasiment aucune machine relevant de l’électroménager et la possibilité d’avoir l’électricité dans son foyer ne datait que des environs de 1900. Les emplois féminins de domestiques étaient trustés par les Bretonnes et ceci jusqu’à ce que les Espagnoles arrivent en force durant les Trente Glorieuses.
La dure condition d’employée de maison nous ait bien exposée ; par ailleurs l’émeute de février 1934 est mise en scène. Durant cette période la tuberculose frappe nombre de Français et l’héroïne doit se rendre, durant l’été 1934, à Zuydcoote dans le sanatorium de la commune construit au début du XXe siècle (à l’initiative de Georges Vancauwenberghe, président du Conseil général du Nord) comme l’hôpital maritime du même lieu.
Elle retourne ponctuellement en Alsace, ce qui permet d’évoquer la montée d’un mouvement autonomiste, largement financé par les nazis. Elle se marie bien tardivement en août 1939 avec un homme de son village d’Aspach-le-Haut, situé dans le sud-est du département du Haut-Rhin, non loin de l’ancienne frontière qui séparait l’Empire allemand de la France entre 1871 et 1914. Son mari est ouvrier à la briqueterie de la commune.
L’arrivée des Allemands en juin 1940 puis les conditions coercitives de l’occupation l’Alsace-Lorraine avec, pour faits significatifs : modification des noms des rues (une appellation Adolf Hitler est quasiment obligatoire), un changement des prénoms, l’interdiction du béret. Le curé du village se montre réticent face à cette nazification contrairement au mari de l’héroïne qui prend des responsabilités dans le parti nazi. Est-ce pour cela qu’il n’est pas mobilisé dans l’armée allemande contrairement à d’autres ? Les combats amenant à la libération de l’Alsace par les Alliés sont évoqués.
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