Avis de Ernest : "J’irai droit au paradis parce que j’ai fait mon enfer au Vietnam"
L’auteur a été officier français durant la Guerre d’Indochine. Durant l’année 1965 il rédige pour Paris Match, autour de la Guerre du Vietnam, un certain nombre d’articles et réalise une interview d’Han Suyin. Ces textes sont repris ici.
Le titre s’explique en se référant à la division du nombre de dollars dépensés par an par les Américains dans la Guerre du Vietnam par le nombre des combattants du Vietminh tués dans le même laps de temps.
Jean Lartéguy met en évidence que l’année 1965 fut une année charnière dans ce conflit où les premiers conseillers militaires américains arrivent en novembre 1955. Il était alors possible de traiter avec les Nords-Vietnamiens, mais pour répondre à l’intérêt du complexe militaro-industriel au contraire les Américains intensifièrent leur effort de guerre.
Jean Lartéguy n’a aucune sympathie pour l’idéologie communiste mais il pointe que cette guerre américaine basée sur un emploi massif de bombardements a déjà détruit, au milieu des années 1960, une bonne partie de l’environnement du pays et a causé, outre un nombre considérable de morts chez des civils, un afflux massif de réfugiés dans les villes. Il a un regard très critique sur nombre d’actions commises sous la présidence de Diem. Il explique comment ce dernier s’est aliéné tant des Vietnamiens de divers cultes et des minorités ethniques. Il a notamment confisqué les terres de ces dernières pour y installer des catholiques qui avaient fuit le Nord-Vietnam au moment de sa constitution. L’auteur s’attarde longuement sur les circonstances de la chute de Diem en novembre 1963 et des situations confuses qui s’en suivent.
Il semble que les Américains, de leur expérience vietnamienne, n’ait tiré que l’enseignement de contrôler limiter l’accès et orienter le discours des médias à la réalité d’un conflit. En Afghanistan, ils ont refait les mêmes erreurs qu’au Vietnam et on sait combien la fin tragique des gouvernements qu’ils soutenaient dans chacun des pays a été semblable. Le récit est nourri de nombreuses anecdotes très significatives autour de tous les acteurs du conflit. On relève notamment celle où il voit des soldats américains se faire tatouer : « J’irai droit au paradis parce que j’ai fait mon enfer au Vietnam » (page 27) et l’euphémisme qui consiste, pour l’aviation américaine, a qualifier qu’un avion a été touché par la DCA vietminh par le qualificatif de panne de circuit (page 123). Au sujet des informateurs du Vietminh, on a en particulier le cas d'un coiffeur vietnamien employé par l'armée qui envoie des messages les plus concis chaque fois qu'un avion part bombarder (page 113).
L’ouvrage est très illustré par des photographies pleine page et de cartes géographiques. Une histoire de la partie maritime de la péninsule indochinoise (celle qui recouvre l'état actuel du Vietnam) de l’Antiquité à 1954 est propose en fin d'ouvrage.
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