Avis de Adam Craponne : "Que ton espoir soit sans limite dikin Hayastan"
L’auteure Anahide Ter Mahissan propose une réunion de plusieurs articles parus parfois en anglais dans diverses revues. Elle rappelle que des Arméniens ont appuyé toutes les révolutions des trois pays où ils résidaient, à savoir la rébellion en 1908 contre le sultan Abdülhamid II , les révolutions russes de 1905 et 1917 et la révolution constitutionnaliste en Perse qui débute en 1906. Elle consacre un texte spécifique au rôle des Arméniens dans cette dernière.
Parmi les autres sujets étudiés il y a l’histoire de la question arménienne ; il faut comprendre par là l’intérêt pour les pays de l’Europe occidentale à la protection des Arméniens au sein de l’Empire ottoman puis à une possible autonomie ou indépendance. Ce sujet est très lié aux reculs territoriaux que subit la Turquie à la fin du XIXe siècle et au cours de la Première Guerre balkanique. C’est l’occasion d’évoquer pages 74 et 45 (y compris par une photographie) la jeune femme serbe Sophia Ivanovic qui endossa l’uniforme lors des guerres balkaniques :
« Chez les Serbes - magnifique image de propagande- des femmes, en robe et tablier, s’entraînent au maniement du fusil, mais « Mademoiselle Sofia Ivanovitch » porte un uniforme de soldat et des garçons à peine adolescents s’engagent comme combattants ».
Aux pages 75 et 77 on parle des femmes du Monténégro qui aident au déplacement des canons sur les routes montagneuses de la région des combats:
« Quant aux Monténégrins, ils donnent l’image d’un peuple qui en toute circonstance fait corps avec son roi. Les femmes, de robustes femelles, s’attellent aux fûts des canons, des paysans âgés et déguenillés se portent volontaires ».
Le rôle de l’Église catholique arménienne dans les idées destinées à promouvoir l’indépendance, sont approchées à travers la personnalité de Kévork V catholicos d’Etchmiadzine. On s’intéresse aux massacres de 1915 en racontant ce qu’il advint de la population de Van, une cité située non loin de la frontière entre la Turquie et la Perse, et des habitants de Mouch ville située plus à l’ouest que Van.
Les deux derniers chapitres s’intéressent à des étrangers, c’est d’abord le cas des rapports entre l’Arménie et le jésuite Antoine Poidebard (né à Lyon en 1878) qui réside en Arménie turque de entre 1904 et 1914 puis en Arménie perse puis en Arménie russe entre le début 1918 et mars 1921. Il repart pour la Fance mais réside ultérieurement à Beyrouth. Le dernier texte rappelle que le traité de Sèvres prévoyait un mandat américain sur l’Arménie mais que comme pour le traité de Versailles les USA ne ratifièrent aucun traité issu de la fin de la Première Guerre mondiale.
"Le rêve brisé des Arméniens 1915" de Gaïdz Minassian (chez Flammarion) constitue un excellent prolongement à la lecture du livre "L’échiquier arménien entre guerres et révolutions" aux éditions Karthala.
Pour connaisseurs Quelques illustrations