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Frontières: Le traité de Lausanne 1923-2023

Frontières: Le traité de Lausanne 1923-2023
Antipodes114 pages
1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "Un traité de paix nourrissant des rancœurs de tous côtés"

Voici le catalogue de l’exposition éponyme qui se déroule au Musée historique de Lausanne de fin avril à début octobre 2023. Les cinq cartes de géographie historique auraient gagné à être au début de l’ouvrage ; par ailleurs tant sur la première que la deuxième carte, il est indiqué que l’empire ottoman atteignait les rives de la Mer Caspienne, or les actuelles républiques d’Azerbaïdjan  et d’Arménie relevaient de l’Empire perse jusqu’en 1813 ou 1829 (selon les régions).

L’avant-propos revient sur le Traité de Sèvres d’août 1920, ce dernier, signé au nom du sultan, ne jamais ratifié par la Turquie kémaliste ; le pays n'est plus qu'un petit territoire composé en grande partie des steppes salées de l'Anatolie centrale. Des espaces sont attribués directement (ou sous forme de zone d’influence) aux Anglais, Français, Italiens et Grecs. Il est prévu la création d’une Arménie aux contours assez généreux et d’un petit Kurdistan et il y a même une zone internationale autour des détroits.

Après s’être mis d’accord avec les soviets, la Turquie reprend des territoires russes depuis plusieurs décennies, ces espaces sont majoritairement peuplés par des Arméniens. Les puissances occidentales craignent une menace de révolutions dans leurs pays, elles sont contentes de se servir de la Turquie comme bouclier face  au possible déferlement d’armées commandées par des Russes communistes. Une série de déconvenues se produit des côtés grec, italien et français, faute de moyens militaires sur place et face à une armée turque requinquée par l’idée de laver l’humiliation imposée par le Traité de Sèvres.  

Outre de donner des frontières confortables à la Turquie, le Traité de Lausanne d’avril 1923 amnistie tous les crimes de guerre commis entre le 1er août 1914 et le 20 novembre 1922, donc le massacre de tous les gens appartenant à l’ensemble de la chrétienté (les Arméniens étant les plus nombreux). Il y a par ailleurs des déplacements forcés avec en particulier des échanges entre population turque d’Europe et population grecque d’Asie.

« Lausanne n’est donc pas un traité à réviser, mais à surmonter : par l’émancipation véritable d’une ethno-nationalisme antihumaniste, par l’ouverture transfrontalière et par l’intégration européenne d’un État-nation qui, à l’instar du face-à-face à Lausanne, a longtemps persisté à se voir menacé de démembrement par ses propres citoyens hétéroculturels et par l’Europe » (page 48). On voit ainsi combien résonne le nationalisme turc au XXIe siècle.

On approche des quatre-vingt-dix pages ne comportant que des photographies de documents exposés. Des personnalités suisses sont mises en avant comme Louis Rambert qui dirige la Régie des tabacs de l’Empire ottoman, des locaux de fabricants suisses sont également présentés comme les bureaux de Nestlé à Istanbul. De nombreux clichés tournent autours des représentants à cette conférence, on voit également le personnel qui les sert comme des secrétaires ou des employés d’hôtels suisses où ils logent.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Patricia

Note globale :

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