Avis de alain herbeth : "Une histoire au quotidien"
En 1958, Jacques Soustelle, ancien gouverneur général de l'Algérie, préside l'association France-Israël depuis deux ans, depuis la fin de l'expédition franco-britannique à Suez. Cette année-là, il constate "que les voisines d'Israël proclament ouvertement leur volonté d'anéantir ce jeune Etat qui subit le boycott et le blocus. Des fanatiques assassinent sur son sol et l'ONU fait semblant de ne rien voir. Lorsqu'elle élmet un blâme, c'est contre Israël". Une situation qui, près de 60 ans plus tard, évoque encore une terrible actualité.
La détermination des israéliens à survivre, quelques années après l'apocalypse, émerveille Jacques Soustelle. Elle lui fait penser à une autre détermination qu'il a rencontré là-bas, en Algérie. Un parallèle qu'il fera toujours : "les premiers colons arrivés en Palestine, au terme de leur voyage, et après mille peine, trouvent un sol ravagé par des siècles d'incurie, un territoire où règne la malaria et une administration turque paresseuse et corrompue." Mais, surtout, il est fasciné par l'Histoire de ce peuple qui plonge si loin ses racines.
Tout au long de sa vie, Jacques Soustelle sera le meilleur ami d'Israël, le plus sûr soutien à la survie du jeune Etat. Il partagera ce "titre" avec un autre homme politique français, qu'il estime beaucoup. Cet homme, c'est Guy Mollet, le patron de la SFIO.
En dépit des développements de l'affaire algérienne (retour du général de Gaulle, putsch des généraux, exil et OAS...) il n'oublie pas Israël et visite, clandestinement, ses amis israéliens chez eux, notamment Menahem Begin. De retour de son exil romain, en 1968, il sera toujours présent à leurs côtés alors que le général achève un tournant complet sur les rapports franco-israéliens. De la lune de miel initiée par Mollet et Shimon Peres, le divorce va être complet et abotira à l'embargo sur les armes, embargo à sens unique, en peine guerre des six jours.
Il l'est également entre de Gaulle et Soustelle. Par deux fois, sur l'Algérie et sur Israël, le général a trahi ll'admiration qu'il lui portait dès son arrivée à Londres, en novembre 1940. Soustelle aurait du se méfier, lui qui n'a jamais été désigné comme compagnon de la libération.
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