Avis de Octave : "Prisonnier de guerre: grands malheurs et petites misères"
Il s’agit là des actes du colloque tenu à Nancy du 5 au 7 novembre 2012. L’ouvrage est composé de trois parties : Le prisonnier en discours et représentation, Le droit et les statuts, Conditions de captivité.
Dans la première partie on trouve les articles : L’icononographie de captif de l’Antiquité au XVIIIe siècle ou la lente émergence d’un scrupule (Jérôme Delaplanche), La figure des prisonniers de guerre (Européens et Ottomans) à travers les récits de l’expédition de Candie 1667-1669 entre mort, souffrance et trahison (Özcan Bardakczi), Regarder l'ennemi: les prisonniers de guerre français et l'opinion publique en Allemagne 1870/1871(texte en allemand de Heidi Mehrkens), Prisonniers de guerre et saints libérateurs (Bruno Maes).
Le second volet propose les textes suivants : Le statut des prisonniers de guerre et les lois de la rançon à la fin du Moyen Âge (Remy Ambühl), Le sort des prisonniers sur le champ de bataille (Frédéric Chauviré), Entre représailles et indispensable coopération : la gestion administrative des marins prisonniers de guerre pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg 1688-1897 (Stéphane Perréon), Les prisonniers de guerre pendant la guerre de Succession d’Autriche (Sandrine Picaut-Monnerat), La fin de la liberté sur parole : la naissance de la captivité de guerre moderne (David Rouanet), La conférence de Bruxelles 1874 le baron Lambermont et les prisonniers de guerre un enjeu secondaire (Jean-Michel Chaumont), Les textes conventionnels : le chemin du droit international des prisonniers dans la seconde moitié du XXe siècle (François Cochet).
La dernière section est composé de ces diverses communications : Kriegsgefangene der Reichsarmee im Neunjährigen Krieg und im Spanischen Erbfolgekrieg 1688-1714 (Max Plassmann), Faire face à la détention : représentations et stratégies des prisonniers de guerre marins dans le Finistère 1794-1795 (Youenn Le Prat), Prisonniers de guerre néerlandais aux XVIe et XVIIIe siècles (Paul Vo-Ha), Vivre sa foi en captivité : les guerres indiennes 1640-1670 (Philippe Martin).
C’est Oliver qui se charge de la conclusion de l’ouvrage. Il dégage l’idée que le concept de prisonnier de guerre apparaît progressivement avec la fin des guerres privées et la systématisation des conflits entre souverains soit au début du XVe siècle. Toutefois les conflits restent divers : guerre civile, conflit religieux, colonisation et ennemi d’une autre nation ou principauté. Par ailleurs le prisonnier est plus difficile à gérer que le mort et la question se pose de la condition des personnes durant leur captivité. Comment cette dernière prend fin, quelle image le prisonnier a-t-il auprès des ennemis et de ses compatriotes ? Incontestablement le XVIIIe siècle régule les comportements et si l’expression de "guerre en dentelle" est restée dans la mémoire c’est que cette époque a vu une préservation plus bien fréquente de la vie des prisonniers (mais pas des biens, même les habits sont récupérés sur le captif).
On peut regretter l’absence d’informations sur les captifs des deux côtés lors des guerres napoléoniennes. Les prisonniers autrichiens ont la réputation d’avoir construit le canal de l’Ourcq et la vie des militaires français captifs sur les pontons en Angleterre et en Espagne est-elle à assimiler aux conditions des bagnards ? À travers ces deux exemples, on aurait pu marginalement enrichir une réflexion globale déjà originale. Notons que le XXe siècle verra d'autre part l'emprisonnement des civils du camp ennemi.
Pour connaisseurs Aucune illustration
Journée d’étude le jeudi 15 octobre 2020, 14h-18h, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
https://histoire-sociale.cnrs.fr/les-prisonniers-de-guerre-francais-dans-la-seconde-guerre-mondiale/