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Sacha Guitry, 1 Le bien-aimé

Sacha Guitry, 1 Le bien-aimé
Glénat 66 pages
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Avis de Xirong : "Le seul élève à avoir redoublé dix fois sa sixième"

Sacha Guitry était soit exclu de son dernier établissement scolaire secondaire soit, du fait des déplacements de son père, était obligé de changer de lieu d’enseignement. Il était d’usage à l’époque d’accueillir un nouvel élève dans le niveau d’où il provenait, surtout si ses notes étaient mauvaises. Le redoublement était chose courante et certains (assez rares, il est vrai) arrivaient au baccalauréat avec deux ou trois ans de retard.

Sacha Guitry est un enfant de la balle, en effet son père et sa mère étaient acteurs. On suit sa vie depuis ses cinq ans jusqu’à ses cinquante-trois ans. En effet l’action se termine avec le tournage de  L’arrache-cœur en 1938 qui marque d’ailleurs la rupture entre Sacha Guitry et Jacqueline Delubac. Cette dernières s’est lassée des infidélités de son mari et divorcera de lui en 1939.

Quelques pages auparavant, on les avait vu tous les deux, en compagnie d’une amie de Jacqueline Delubac, visiter le ghetto de Venise et Sacha subissant la remarque d’un juif le prenant pour un coreligionnaire. Ceci vraisemblablement étant une amorce pour nous raconter les nombreux soucis du héros durant l’Occupation, avec la presse collaborationniste et les Allemands au sujet de sa prétendue judéité. Peu avant, on avait assisté au tournage du film Les perles de la couronne avec Arletty grimée en reine d'Abyssinie. Comme le signale le texte, Joséphine Baker avait refusé le rôle ; il est vrai, ajoutons-nous personnellement que ce fut par décence. En effet, deux avant, elle avait remercié Mussolini d’amener la civilisation (le christianisme, ça ne pouvait marcher) en Éthiopie alors que bien d’autres personnes dénonçaient l'agression, par l'Italie fasciste, de ce pays resté indépendant et évoquaient en plus l’usage des gaz mortels qu’il fit dans cette campagne, employant un total de 350 tonnes d'armes chimiques.    

Outre les épouses de Sacha, une autre femme joue un rôle primordial dans sa vie et son œuvre (car certains de ses conseils sont bien reçus par notre artiste), il s’agit de celle qui fut sa secrétaire de 1916 à 1948. Il s’agit de Fernande Choisel qui d’ailleurs écrivit ses mémoires, après qu’Arletty l’en ait vivement encouragé sous le titre Sacha Guitry intime. Nul doute que le scénariste de cette BD  s’y est largement plongé.  

Sacha Guitry naît à Saint-Pétersbourg, où travaille son père, le comédien Lucien Guitry. Ce dernier, chaud lapin, était surnommé "Divan le terrible". En effet ce dernier a signé un contrat de neuf ans, pour la saison d'hiver avec le théâtre impérial Michel (en russe Михайловский Театр) surnommé le "théâtre français de Saint-Pétersbourg" car la bonne société de la capitale russe venait y assister à des pièces jouées dans la langue de Molière. Il ne passe que ses premiers mois en Russie mais y retourne tout l’automne et l’hiver 1890-1891. Son parrain est l’empereur de Russie Alexandre III, d’où son prénom.

Outre le tsar, sont mis en scène quelques autres  personnages célèbres comme Mussolini, Charlie Chaplin et Toscanini (les deux pages 44 pour les deux derniers). Avec un graphisme largement inspiré par la caricature de l’époque, une mise en page assez traditionnelle et quasiment aucun cartouche, le récit est porté par une belle dynamique du texte régulièrement ponctué par des mots d’humour et des comiques de situation.

On peut regretter un manque d’esprit critique, ou un goût pour l’inauthentique colorée avec l’histoire de Sacha passager clandestin du train reliant la capitale française à Saint-Pétersbourg (page 5). Pour information, presque jusqu’à la fin du XIXe siècle, en Europe on peut circuler sans passeport (ni évidemment carte d'identité) comme adulte, alors un enfant visiblement avec son père cela n’aurait inquiété personne. Et on voit mal les polices de l’époque se préoccuper, de plus aussi rapidement, d’un prétendu enlèvement d’enfant à une mère, qui d'ailleurs contrairement à la légende était bien au courant du séjour prévu de Sacha en Russie. Notons qu'était parue également en 2017, chez Delcourt de François Dimberton et Alexis Chabert, la BD Sacha Guitry, une vie en bande dessinée.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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