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Le sexe sous l’Empire

Le sexe sous l’Empire
Vuibert 361 pages
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Avis de Octave : "Un ouvrage censuré par des Versaillais, ne peut être intrinsèquement mauvais"

L’auteur commence par dresser un tableau de l’âge des mariages des hommes et des femmes et du nombre moyen d’enfants par femme : « En moyenne, chaque femme a alors six enfants, sa période de fécondité s’achevant vers 40 ans, soit par un décès, notamment en couches, soit par le déclenchement d’une aménorrhée précoce. Dans l’intervalle de deux naissances, l’allaitement conduit, dans 70% des cas, à rendre les femmes infécondes, ce qui ralentit le rythme des naissances » (page 12).

Le divorce est légal à partir de septembre 1792 et élargi en avril 1794, on divorce par consentement mutuel et en faisant constater une séparation de plus de six mois. Le divorce est un phénomène très citadin. En 1804, le Code civil restreint un peu ses possibilités, par exemple afin de protéger les femmes âgées, il est impossible après vingt ans de mariage. Rappelons qu’il est interdit en 1816 sous le règne de Louis XVIII.

Il semblerait, qu’après la chute de Robespierre, le milieu des Incroyables et des Merveilleuses ne prononçaient plus les "r" dans les mots, ils ne devaient plus faire que des "maïages", des "divoces" et avoir un "gaçon". Le Directoire et le Consulat sont des périodes où des femmes de milieux aisées s’autorisent à prendre ouvertement des amants. On estime que 6 000 prêtres se sont mariés au début des années 1790, là encore le phénomè,e est très urbain.

L’auteur s’appuie sur des récits autobiographiques, comme celui de François Lavaux qui a produit Mémoires de campagne (livre réédité par Arléa en 2004). Ce dernier est né en 1774 dans un village champenois qui allait devenir une commune de Haute-Marne. Sous les drapeaux de 1798 à 1815, il ne se marie que début 1816. Il n’est pas le seul, pour cette époque, à devoir convoler tardivement. Bigamie et amours illégitimes sont également fréquents chez les militaires mais pas seulement.

C’est dans les archives nationales, de la préfecture de police de Paris et départementales de la Charente, la Gironde, l’Indre, le Loiret, le Nord, le Rhône, la Seine-Maritime et l’Yonne qu’il a trouvé de quoi nourrir une grande partie du contenu de son ouvrage.

Après s’être intéressé aux gens du commun, à travers trois chapitres intitulés "La révolution sexuelle", "La sexualité au quotidien", "Le sexe à l’armée", Jacques-Olivier Boudon s’intéresse aux femmes qu’a connues Napoléon puis à la sexualité de tous ses frères et sœurs. Il revient vers les gens du commun ou de l’élite avec une étude sur l’homosexualité, une sur les violences sexuelles et une sur la prostitution. C’est d’ailleurs dans ce dernier chapitre que l’on apprend que « Napoléon aurait en effet connu sa première expérience sexuelle auprès d’une prostituée du Palais-Royal » (page 262).

Si l’homosexualité de Cambacérès est largement connue, la bisexualité de Barras l’est moins. Des personnes ayant atteint une certaine notoriété dans la société pouvait s’afficher ouvertement comme homosexuel, le cas de l’écrivain Koseph Fiévée, devenu préfet de la Nièvre en 1813, est largement développé. Des affaires d’homosexualité et de pédophilie secouent la bonne ville d’Issoudun dans l’Indre, particulièrement en cause un prêtre et un instituteur.

Le dernier et neuvième chapitre est consacré à la littérature érotique, ce qui autorise à parler de Sade ; ceci car bien que sa production, en ce domaine, commence en 1787 et se poursuive en 1791, elle se termine en 1801. Sont données des œuvres, éditées pour la premières fois dans les années 1780 et 1790, qui sont lues fréquemment sous le Consulat et l’Empire. Pour cette dernière période apparaissent, avec des auteurs masculins L’Espoir des boudoirs, Paris ou le paradis des femmes, Les Lettres d’un Provençal à son épouse. Des femmes s’essaient aussi dans ce genre comme la prolixe comtesse Félicité de Choiseul-Meuse (pas plus comtesse que d’autres) peut-être née en 1767 ; encore, ajouterons-nous personnellement que certains historiens  pensent que se cacherait, derrière ce pseudonyme, Armand Gouffé un ami d’un chansonnier vaudelliviste, Balisson de Rougemont qui écrivait lui-même des ouvrages érotiques.

Dans la conclusion, l’auteur pointe la puissance de la police pour cette époque, on peut exiler ou enfermer sans jugement des individus dont le comportement sexuel est perçu comme portant atteinte à l’ordre moral. L’ouvrage a été censuré par le salon du livre d'histoire de Versailles  qui doit se tenir à la fin 2019, pourtant en 2018 était invitée là Virginie Girod qui a écrit Les Femmes et le sexe dans la Rome antique.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Octave

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