Avis de Patricia : "Quand les matrones devinrent sages-femmes"
La fiction historique s’empare actuellement du personnage de la sage-femme puisque l’on peut voir Anne Villemin-Sicherman lance une série romanesque avec pour héroïne Victoire Montfort qui aide à mettre au monde des bébés à l’époque napoléonienne dans la ville de Metz. Ceci alors que la profession s’interroge sur son avenir.
Les matrones sont à l’époque médiévale, des femmes, passées de l’aide mutuelle lors d’un accouchement un peu difficile. Au XVIe siècle, époque de la répression de la sorcellerie, les accoucheuses font parti des cibles des inquisiteurs. Les matrones seront remplacées par des sages-femmes, fidèles de la paroisse, de bonne moralité et assermentées par l’Église.
En 1692 paraît le premier Édit royal réglemente la profession de médecin-accoucheur ; elle est réservée à des hommes ayant des connaissances en chirurgie. En 1736, un enseignement de chirurgie est créé, interdit aux femmes ; l’obstétrique devient une discipline scientifique et de prestige. L’accoucheur français André Levret se fait un nom dans ce domaine. Avant ce dernier, les forceps étaient droits, André Levret leur donne une courbure sur les bords des cuillers. Ce dernier est mis en scène pour son usage des forceps en 1747 à l’académie royale de chirurgie.
Madame du Coudray est une sage-femme qui exerce à Paris et on la voit rencontrer Diderot au salon de Mme du Deffand. On la suit également à Thiers en Auvergne où elle reçoit l’appui d’un noble local et du curé de la cité de la coutellerie. Elle crée un mannequin pour instruire les sages-femmes de province.
C’est d’ailleurs un véritable tour de la France qu’elle effectue entre 1759 et 1782 afin de transformer des matrones en sages-femmes. Toutes les provinces sont visitées, en s’arrêtant dans une ou deux cités de chacune. Seuls le Languedoc et la Provence ne la reçoivent pas. On aurait aimé voir une carte du royaume de France avec ses frontières à l’époque du règne de Louis XVI et non les limites du pays au XXIe siècle.
On aurait alors bien perçu que notre héroïne part non seulement au centre du royaume (comme Clermont, Moulins, Châteauroux, Issoudun ou Autun) mais aussi dans des cités non loin des frontières d’alors comme Belley ou Grenoble (la Savoie étant une terre étrangère). Ypres, d’ailleurs française officiellement de 1678 à 1713 (mais occupée aussi ponctuellement avant et après cette date), est la seule ville hors du royaume de France dans laquelle Madame du Coudray se rend, en 1775 en l’occurrence.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations