Avis de Adam Craponne : "Le monde est la totalité des faits, non des choses (Ludwig Wittgenstein)"
L’ouvrage est sous-titré "Culture, société, organisation, pouvoir, coopération". Le premier chapitre traite de la culture iranienne dans ses rapports tant à la modernité qu’à la religion mais pas uniquement. Il est bon de rappeler que l’Iran est au carrefour de l’univers indien, turc et arabe, de surcroît la population est plus diversifiée que l’on ne croit. En effet, à côté de deux tiers de Persans, le pays compte deux minorités autour de 10% à savoir les Kurdes (parlant des dialectes appartenant à l’ensemble des langues iraniennes) et les Azéris (de langue turque). On des autres groupes comme les Lors, Arabes, Baloutches, Turkmènes, Kachkaïs, Arméniens… Du point de vue religieux on a 90% de chiites et près de 8% de sunnites, environ près de 1% de chrétiens, près de 1% de baha’i et de petits groupes comme les zoroastriens (religion monothéiste où les cadavres étaient autrefois déchiquetés par les vautours, ayant pour livre sacré l’Avesta).
Six mille mots d’origine avestique se sont maintenus dans le persan moderne. La culture persane coexiste par ailleurs avec la turque et l’arabe. L’Iran est le plus ancien pays producteur de pétrole du Moyen Orient ; le premier champ pétrolier remonte à 1908, on est bien avant l'apparition de puits de pétrole en Arabie Saoudite et Irak. L’auteur va explorer les conditions dans lesquelles l’usine de gaz South-Pars 2/3 a pu être une réussite de la coopération franco-iranienne. « Ce projet a été le plus grand projet industriel conduit en Iran depuis la Révolution. Il a donné naissance à la plus grande raffinerie de gaz du Moyen-Orient » (page 18). C’est donc un ouvrage aussi aussi sur l’interculturel et les phénomènes d’acculturation qui résultent du contact direct des deux groupes d’individus, celui des Français et celui des Iraniens.
Site de South-Pars (illustration absente de l'ouvrage)
De la conclusion, on relèvera :
« Dans la culture arabe, les individus se différencient en fonction du clan ou de la tribu à laquelle ils appartiennent ou prétendent appartenir, c’est-à-dire qu’à une forme de communauté à laquelle ils voulaient échapper, ici une communauté de frères, ils opposent une volonté d’être reconnu au nom d’une appartenance à une autre communauté, un clan, une famille ou une tribu. Dans la culture iranienne, les individus se différencient dans des références beaucoup plus individuelles, de sorte qu’à une forme de communauté à laquelle ils aimeraient échapper, ici une "communauté d’amis", ils opposent une volonté d’être reconnu au nom d’une condition personnelle par rapport à l’ordre social » (page 224).
D’autre part, Sébastien Regnault explique bien les raisons diverses pour lesquelles, à l’intérieur du chiisme diverses interprétations du Coran peuvent être en concurrence. Chez les Arabes on conçoit une autorité religieuse et chez les Iraniens des autorités en matière d’islam. Pour l’auteur, les chiites sont disposés à renouveler leur compréhension des textes sacrés en les éclairant par la pensée d’auteurs occidentaux et il cite le travail qui a déjà été fait à Qom à partir de la lecture du philosophe du langage Ludwig Wittgenstein.
Pour tous publics Aucune illustration
http://www.republicain-lorrain.fr/insolite/2017/12/17/l-imperatrice-d-iran-a-colombey
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/01/02/31002-20180102ARTFIG00156-l-iran-est-en-train-de-se-seculariser-a-partir-de-ses-propres-racines-culturelles.php
https://www.lorientlejour.com/article/1099526/en-iran-match-nul-dans-la-bataille-pour-le-pouvoir.html
https://www.questionsdeclasses.org/?Iran-Cessez-les-arrestations-d-enseignants
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/11/les-40-ans-de-la-revolution-en-iran-huit-articles-pour-comprendre-un-anniversaire-au-gout-amer_5421820_3210.html