Avis de Adam Craponne : "Où l’on découvre que Sherekhan n’est pas que le nom d’un personnage du Livre de la jungle"
Ce livre est sous-titré De l’empire des moghols à la République islamique. Le nom de cet état signifie "pays des purs" les lettres de l'acronyme désignent le Pendjab, l'Afgana, le Cachemire, l'Iran, le Sind, le Tokharistan, l'Afghanistan et le Balouchistan. Notons qu'à sa création en 1947 il comprend également une partie du Bengale mais après un quart de siècle cette région s’en détache pour former le Bengladesh.
Ardavan Amir-Aslani nous livre là non seulement l’histoire d’un pays vieux, au sens strict, d’un peu plus de soixante-dix ans mais également des clés sur l’histoire de l’Inde depuis la fondation de Delhi en 1193 par des souverains d’origine iranienne. Deux cent ans plus tard Tamerlan ravagea la ville en question. Le sultanat de Delhi dura trois siècles, et disparut en 1526 avec l’arrivée des Moghols dont le premier souverain est Bãbur, natif du Ferghana et descendant à la fois de Tamerlan et de conquérants mongols. Bãbur mourut en 1530 et un de ses successeurs fut Sherekhan (le roi des tigres) qui régna de 1539 à 1545.
Progressivement cette dynastie va contrôler tout l’espace occupé aujourd’hui par quatre états : l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde et le Bengladesh. Toutefois dès le début du XVIIIe siècle, nombre de régions de cet empire sont mis sous tutelle par les Anglais. Auparavant cette domination d’empereurs musulmans aura favorisé le développement de l’islam mais sans persécution systématique d’autres religions existantes et en particulier de l’hindouisme. Les seigneurs locaux restés fidèles au brahmanisme sont d’ailleurs bien présents à la cour des souverains moghols. Bref l’aristocratie hindoue trouva toute sa place dans cet univers des Moghols.
La révolte des cipayes de 1857 fuit suivi d’une horrible répression et par une meilleure confiance des Anglais envers les Hindous qu’envers les musulmans. L’éveil du nationalisme indien se fit par des voies parallèles mais les leaders des deux principales religions ne souhaitaient pas tous la partition et encore moins les conséquences dramatiques de celle-ci.
L’histoire propre du Pakistan est à découvrir et est en particulier heureusement mis en relief à la fois les caractéristiques de cette première république islamique créée dans le temps (elle date de 1956) et les relations complexes qu’elle a pu entretenir d’un côté avec l’Iran et de l’autre avec l’Arabie saoudite mais aussi dans le prolongement avec les talibans. Rappelons-nous que Ben Laden se cacha cinq ans au Pakistan… L’explosion démographique que connaît le pays (215 millions d’habitants et 250 millions prévisibles en 2035) et les tensions avec une Inde gouvernée par des nationalistes hindous devraient avoir des conséquences importantes. Ajoutons personnellement qu'en novembre 2015, le port de Gwadar est officiellement loué à une entreprise publique chinoise pour 40 ans et que les relations actuelles entre la Chine et le Pakistan pourraient bien déplaire à une large partie de la population pakistanaise tout en ayant un résultat guère profitable pour l'économie du pays qui nous intéresse ici. On apprécie beaucoup la demi-douzaine de cartes de géographie historique présentes.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
https://www.amir-aslani.com/le-pakistan-est-il-condamne-a-la-violence-pour-leternite/
https://www.youtube.com/watch?v=598sf0kMvCU
https://www.france24.com/fr/20190313-cachemire-bollywood-inde-pakistan-cinema
https://www.questionchine.net/controverses-globales-autour-du-traitement-des-ouighour-pekin-rallie-un-soutien?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+questionchine+%28QuestionChine.net%29
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/affaire-karachi-le-parquet-demande-un-proces-pour-balladur-et-leotard-20190920
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/13/pakistan-des-insurges-baloutches-visent-les-interets-chinois-a-gwadar_5461517_3210.html