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Afrikakorps: L’armée de Rommel

Afrikakorps: L’armée de Rommel
Tallandier 573 pages
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Avis de Adam Craponne : "Après un Stalingrad, un Tunisgrad !"

La première parution de cet ouvrage date de 2013. On garde une image d’une guerre chevaleresque en Afrique du nord et sur ce front on n’a pas de mise en avant de massacre de civils come ce fut systématiquement le cas sur le front est et dans les mois qui suivirent le débarquement en Normandie (les drames d’Oradour et de Maillé  datent respectivement des 10 juin  et 25 août 1944).

L’auteur avance dans son avant-propos que « si l’importance accordée à Rommel et Montgomery apparaît surdimensionnée, la place donnée à la guerre du désert dans la Seconde Guerre mondiale semble en revanche sous-dimensionnée ». (page 18)

On peut se demander pourquoi Hitler et le haut commandement allemand envoie Rommel (et pas un autre général) en Afrique du nord alors qu’ils préparent l’invasion de l’URSS en secret. Rommel arrive à Tripoli le 12 février 1941 et rencontre le général Gariboldi qui est son supérieur.   

Italo Balbo est gouverneur de Lybie entre janvier 1934 et juin 1940, après sa mort dans un avion abattu par erreur par la DCA italienne, il est remplacé par Graziani qui prend également le commandement des forces italiennes en Libye. De septembre à décembre 1940 les Italiens pénètrent de 90 kilomètres en territoire égyptien (sous contrôle anglais), toutefois la contre-offensive du général britannique  Wavell amène les Anglais à prendre Tobrouck et Benghazi. Ces derniers ont capturé, blessé ou tué 130 000 hommes (dont 22 généraux) pour un coût de moins de 2 000 hommes. Mussolini remercie Graziani et Italo Gariboldi le remplace. En cette fin d’année 1940 les armées italiennes sont également battues par les Grecs et le 6 avril 1941 l’Allemagne envahit le pays des Hellènes depuis la Bulgarie et la Yougoslavie (progressivement occupée depuis fin mars par les Allemands).

L’Afrikakorps grossit progressivement, il est fort de 250 000 hommes, 1 428 chars, 300 avions et 1 000 pièces d’artillerie. Benoît pose, pour les deux camps, la question de l’adaptation des hommes aux conditions climatiques, l’armée française contribue, à l’insu de son plein gré, car on donne aux soldats de la Wehrmacht des chemises prise à l’armée française en juin 1940.  Il explique que les conditions désertiques pèsent largement sur la conduite des opérations (pages 57-60).

Il pose ensuite la question du ravitaillement depuis l’Europe et ensuite depuis un point de Tripolitaine ; au début de 1942, Rommel s’appuie sur  6 000 camions britanniques qui ont été capturés. Tant que Rommel est vainqueur il supplée donc à son ravitaillement erratique alors que les sous-marins britanniques coulent une partie des bâtiments des convois. Sur le continent africain les colonnes de ravitaillement sont victimes de l’aviation anglaise alors que l’aviation italo-allemande est progressivement détruite sur ses terrains d’aviation à partir de l’été 1941 par des commandos britanniques qui se déplacent facilement sur un terrain semi-désertique. Les hommes sont victimes de maladies diverses et une fois blessé leur état s’aggrave rapidement pour diverses raisons. On voit, à travers ces exemples, combien des aspects inédits nous sont livrés avant de nous conter le déroulement des opérations.

On voit comment dans un premier temps, les forces italo-germaniques reprennent toute la côte libyenne arrivant à la frontière égyptienne. Toutefois Tobrouk résiste, elle est lourdement assiégée jusqu’à fin novembre 1941, ce sont essentiellement les Australiens qui la tenaient. Peu après Rommel ordonne le retrait sur El Agheila (au centre de la côte libyenne) ; Rommel reçoit des renforts en hommes et en blindés et, à Gazala (légèrement à l’ouest de Tobrouk ), il bat ses ennemis en  juin 1942. Ce n’est qu’alors que Tobrouk tombe aux mains des Allemands. C’est le chant du cygne pour l’armée allemande.

Toutefois les hommes de la France libre, commandés par le général Koenig, tiennent deux semaines Bir Hakeim  et l’auteur relativise l’apport de cet évènement, remettant en cause qu’il ait permis aux Anglais de se replier puis de triompher à El Alamein (page 195). Churchill semble d’ailleurs un des plus farouches partisans de cette idée afin de valoriser le retour des Français dans le conflit.  

Les troisième et quatrième parties ont pour titre respectif : "El-Alamein : l’apogée de la guerre du désert" et "La Tunisie : l’Afrikakorps face à son destin".

Pour la première fois, dans ce conflit, une armée allemande était battue par les Anglais, certes renforcée à partir de novembre 1942 par les Américains et une bonne part de Français (le débarquement en Afrique du nord fait basculer les Français présents en Algérie et au Maroc dans le camp des Alliés dans un premier temps, la  situation étant plus complexe en Tunisie). D'ailleurs Hitler revient sur l'idée de considérer les soldats français comme des francs-tireurs et, forcé par de Gaulle, les reconnaît comme des combattants semblables aux autres.

Du côté des Alliés mois de 80 000 tués, dans une proportion approximative de la moitié pour l’empire britannique, et d’un quart tant pour les Français que les Américains ; il y a également peut-être 15 000 prisonniers. Après un Stalingrad, on peut parler d’un Tunisgrad, plus de 250 000 Allemands et Italiens  sont prisonniers de guerre (pour les Italiens, il faut rajouter les prisonniers faits avant février 1941). Les pertes des troupes de l'Axe se montèrent à environ 300 000 homes  avec un peu plus de morts chez les Allemands que chez les Italiens page 425). La page 426 évoque les pertes également considérables en matériel.

Finalement le meilleur ennemi d’Hitler fut peut-être Mussolini, en effet il fut la cause de la dispersion des troupes allemandes en Afrique du nord et en Grèce alors qu’elles auraient fort utiles pour attaquer l’URSS  et repousser ultérieurement tout débarquement allié en Europe.

Dans la cinquième partie intitulée La postérité de l’Afrikakorps, l’auteur évoque non seulement la légende entourant Rommel mais aussi la combativité réelle des soldats italiens, les conditions de vie dans les camps de prisonniers allemands aux USA (où les nazis font la loi) et  la répression des juifs français en Tunisie (les juifs italiens bénéficient de la protection de Rome) avec le nombre des déportés tunisiens (aux pages 469 à 471)… 

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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