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Viols en temps de guerre

Viols en temps de guerre
Payot359 pages
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Avis de Octave : "Dépouillez les femmes de l’ennemi en guise de butin"

Fabrice Virgili, l’un des historiens directeur de Viols en temps de guerre est l’auteur du livre La garçonne et l’assassin, qui a inspiré la BD Mauvais genre de Chloé Cruchaudet, dont on a parlé récemment ici. L’édition en poche de 2013 reprend intégralement le contenu de l’ouvrage paru en 2011 sous une forme plus luxueuse, les communications présentées l’ont été lors d’un colloque tenu à Paris en 2009.

Après une introduction signée collectivement par six personnes, ce sont quatorze articles qui suivent. Dans ces contributions, nous voyons ce que fut dans différents lieux de la planète cette agression par des gens en armes de 1914 à 2008. Un texte permet à travers le cas de l’armée russe d’avoir une vision globale de la législation militaire russe sur quatre siècles en étayant les textes officiels par des faits dont on eût connaissance.

Pour la période de la Grande Guerre, la question est abordée sous l’angle du devenir des enfants nés du viol de femmes françaises par les soldats allemands ; ce point avait été également abordé dans une perspective un peu plus large par Stéphane Audoin-Rouzeau dans L’Enfant de l’ennemi (1914-1918) : viol, avortement, infanticide pendant la Grande Guerre. Ici, Antoine Rivière insiste sur le devenir des enfants. Nombre d’entre eux étant placés à l’Assistance publique (par pression familiale ou environnementale) et transférés très jeunes à Paris puis dans des départements du centre de la France (dont l’Allier et la Nièvre, bien connus pour leur importante population d’enfants placés) succombent rapidement :

« Nourris en route d’aliments peu ou pas chauffés, avec un biberon mal stérilisé, quand ce ne sont pas des aliments solides qui leur sont donnés, exposés au froid et aux maladies contagieuses, ces très jeunes enfants voient leurs chances de survie largement hypothéquées par de tels voyages.» (page 264).

Les suites de la fin de la Première Guerre mondiale se traduisent par l’occupation de la Rhénanie. Jean-Yves Le Naour avait montré dans La Honte noire combien la présence de soldats africains dans l’ouest de l’Allemagne avait été instrumentalisée. Un ouvrage souvent cité, pas toujours lu ou mal compris comme on le vit lors du colloque Enfants en temps de guerre et littérature de jeunesse en octobre 2012 où Manon Pignot, reprenant par là les thèses racistes à son propre compte, s’en servit (à tort, vu son contenu) pour justifier son affirmation que les tirailleurs sénégalais avaient été envoyés en Rhénanie pour volontairement humilier l’Allemagne. Dans Viols en temps de guerre, Anne Godfroid montre que les Rhénans craignent que les troupes belges présentes exercent des représailles du même type que celles subies par des femmes du plat pays. De la première plainte, où l’agression se produit le 28 juin 1919 (date de la signature du Traité de Versailles, par ailleurs), à l’évacuation en 1923 des troupes belges, l’auteure essaie d’évaluer le nombre de l’ordre de la vingtaine les viols avérés, à comparer avec les 170 avancés dans un premier temps en 1923 par des autorités allemandes, un chiffre qui est régulièrement grossi dans les années suivantes.

Les conséquences des conflits internes à un pays sont traitées à travers le cas des enclaves paramilitaires en Colombie, des milices privées de l’État indien du Bihar et de divers pays du centre et de l’est de l’Afrique, de la guerre civile grecque qui suit la fin de la Seconde Guerre mondiale. Parmi les autres textes, on relèvera celui qui approche l’action d’héroïsation des femmes du nouveau Bengladesh, violées par les soldats musulmans du Pakistan occidental.

Octave

Note globale :

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