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1914-1918, les trois derniers jours d’un facteur poilu: aux larmes citoyens

1914-1918, les trois derniers jours d’un facteur poilu: aux larmes citoyens
Société des écrivains56 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Nos tranchées rougies par nos trachées"

 

Il s’agit là du texte d’une pièce de théâtre et on peut féliciter l’éditeur la Société des écrivains d’offrir là une œuvre pouvant être joué, pour commémorer la Grande Guerre, avec un minimum de contraintes matérielles.  

Certes la situation, qui porte l’ensemble du récit, est assez hors du commun, à savoir deux poilus sous un amas de terre tous deux blessés qui dialoguent, longuement et dans un grand respect de la syntaxe, pendant trois jours (des 9 au 11 novembre 1918). Toutefois le contenu de leur conversation est très porteur des réalités diverses de l’esprit des combattants et des conditions matérielles qui leur ont été imposées durant cette guerre.

Le choix de quelqu’un qui vient d’être gazé et d’un futur mutilé d’une jambe est très pertinent pour rappeler que pour nombre de poilus les souffrances perdurèrent bien au-delà du 11 novembre. À ce propos la voix off finale donne à 5 heures du matin la signature de l’armistice à Rethondes, mais on aurait pu préciser avec une application sur le front fixée à 11 heures du matin. Le Lozérien Augustin Trébuchon, Jules Achille né en 1893 en Mayenne, L’Américain Henry Gunther et d’autres savent bien cela…  Il faut dire quand même que les personnages entendent un grand silence à partir de 11h45.Par ailleurs la voix off finale donne le bilan des soldats morts pour les principales nationalités atteintes.

Le dialogue se fait dans la pièce entre un facteur rural de l’Indre, aux sympathies socialistes d’avant-guerre et un petit paysan (éleveur et viticulteur) des Pyrénées-Orientales. Ce dernier, un catalan, est illettré mais joueur d’accordéon ; le premier lui apprend qu’il vient de recevoir une lettre où on lui dit qu’il va être papa.  

Parmi les dernières phrases du texte, on relèvera ces mots écrits par le facteur berrichon à sa famille :

« Je souhaite que les générations à venir n’aient pas à subir ce déferlement d’atrocités, qu’elle n’ait jamais à voir et à faire ce que nous avons fait ici.  J’espère que la terre de nos tranchées rougies de notre sang rappellera jusqu’où la folie de l’homme peut mener ». (page 52)

En contre-point à cette représentation pourraient être lues certaines lettres adaptées pour le théâtre, de Georges Clemenceau tirées de l’ouvrage de Pierre Tré-Hardy "Georges Clemenceau… Dans la peau d’un tigre".  

Pour tous publics Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

52 critiques
14/10/15
La pièce joue actuellement au théâtre du gymnase à Paris : http://theatredugymnase.com/spectacle-988
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