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Les filles de Dieu : aux origines de Port-Royal (1608-1638)

Les filles de Dieu : aux origines de Port-Royal (1608-1638)
Desclée de Brouwer264 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "La piliarisation de Port-Royal"

Dans le prolongement du Concile de Trente, qui court de 1545 à  1563 (mais en trois périodes), le catholicisme entend se réformer. À travers "Les filles de Dieu : aux origines de Port-Royal (1608-1638)" nous touchons les enjeux qui concernèrent les abbayes de religieuses où abolir un bon nombre d'abus ne fut pas chose aisée.

Emmanuel Pic nous montre comment de la réforme d’une abbaye cistercienne bourguignonne du Tart (entre Dijon et Dôle), puis l’abbaye de Port-Royal on va arriver à la naissance du parti janséniste. La Compagnie du Saint-Sacrement avait été créée sous les auspices du cardinal de Richelieu et de Louis XIII et Jean-Pierre Zamet, frère de l’évêque de Langres est supérieur de celle-ci. Cette société fut le fer de lance du parti dévot et elle allait amener à la constitution de son plus féroce adversaire le parti janséniste  par une suite d’évènements où les ambitions et donc rivalités personnelles ne furent pas absentes.

La famille Arnaud, Jeanne de Pourlan, deux abbés de Cîteaux, la duchesse de Longueville (qui descend d’un oncle d’Henri IV), Jean Duvergier de Hauranne l’abbé de Saint-Cyran, Gondi (archevêque de Paris), Sébastien Zamet l'évêque-duc de Langres (évêché fait alors largement de villages bourguignons), le cardinal de Richelieu,  François de Sales évêque de Genève en exil à Annecy (mais aussi conseiller spirituel d’Angélique Arnaud) sont les principaux acteurs de ce récit.  

Pour tous ceux qui ont quelques notions en histoire, l’Affaire de Port-Royal est liée au règne de Louis XIV et Louis XV, or c’est sous le règne de Louis XIII qu’elle trouve ses racines. Celles-ci furent fortement conjoncturelles car l’abbé de Saint-Cyran était l’ami de l’évêque d’Ypres Jansénius, or celui-ci souhaitait que ce qui restait des Pays-Bas espagnols, à l’instar des Pays-Bas protestants, devinssent une république indépendante catholique. En 1636, afin de se remettre au mieux avec les autorités espagnoles, il publie le  "Gallicus Mars" ; il s’agit d’une violente attaque contre les ambitions françaises en matière de politique étrangère, le cardinal de Richelieu soutenant les princes protestants contre les Habsbourg. De l'"Augustinus", son livre publié à titre posthume en 1640, les docteurs de la Sorbonne tirent cinq propositions en rapport avec la grâce et demandent au Pape de condamner ces erreurs. Les quatre premières propositions sont déclarées hérétiques et la cinquième fausse par Rome.

C’est plus pour ses positions publiques sur de nombreuses questions (religieuses ou pas) que pour son zèle janséniste que le Basque Jean du Vergier de Hauranne fut emprisonné quatre ans et demi. Il sort de prison au moment de la mort du cardinal de Richelieu, mais il lui survit de peu. L’abbé de Saint-Cyran, était né à Bayonne en 1581. Il y fit ses études au collège de cette ville jusqu'aux humanités et il se rendit à Louvain où il étudia la théologie en compagnie de Jansénius, avec qui il entretient des relations amicales continues depuis cette époque. De l’abbé de Saint-Cyran, certains firent un martyr et se créa autour de cette première figure le premier courant de contestation structuré et durable de l’absolutisme royal. Face à cette opposition, largement portée par le Parlement de Paris, Louis XVI se crut obligé de convoquer en 1789 les États généraux…     

Il est à noter que Saint-Cyran est un village berrichon (au nord de Châteauroux) et non poitevin, comme l’indique Emmanuel Pic. Son erreur vient que Jean du Vergier de Hauranne reçut d’ Henri-Louis Chasteigner de La Roche-Posay, alors évêque de Poitiers cette abbaye que ce dernier possédait à tire personnel. Quelques illustrations à l'intérieur du livre auraient été bien venues.

Le style utilisé par Emmanuel Pic, tout en tant rigoureux sur l’enchaînement des faits,  tient du roman historique, comme on s’en rendra compte :

 « Angélique rongeait son frein, avalant les couleuvres comme autant d’occasions d’aller plus avant dans l’humilité et l’anéantissement de sa volonté. Rendant visite à la cuisine, elle découvrit qu’on avait utilisé les précieuses lettres qu’elle avait reçues de François de Sales pour couvrir des pots de confiture » (page 152)    

Pour tous publics Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

598 critiques
03/05/15
Le milicien Paul Touvier fut hébergé de façon sure au moins début 1989 à l'abbaye Saint-Cyran située à Saint-Michel-en-Brenne.
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