Avis de Benjamin : "Soyez toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous (épître de Pierre)"
Cet ouvrage était sorti dans la plus grande discrétion il y a quatre ans, en 2016 sa réédition suscite un plus grand intérêt car la plupart des chrétiens orientaux (Inde, Syrie, Irak et Liban) se réfèrent à cette version des quatre évangiles en araméen appelée globalement la Peshitta. C’est la seule traduction en français de cette dernière dont on dispose.
Texte en araméen du Ve siècle avant Jésus-Christ (image qui n'est pas dans le livre)
Sur les quatre évangiles, on est quasiment certain que trois ont été écrit d’abord en grec savant, mais à partir d’une mémoire orale transmise en araméen. D’ailleurs l’érudit voit très bien que le texte grec renvoie par certaines formes de sa syntaxe et certains emprunts de mots de vocabulaire à des formulations de départ en araméen.
Il semblerait que l’évangile de Mathieu ait connu lui sa première version en araméen. Cette forme originale a été perdue car Rabbula qui fut de 412 à 435 évêque d'Édesse imposa la traduction en araméen de la version grecque de l’évangile de Mathieu. Celui-ci se donnait en effet pour mission de faire entrer le christianisme syriaque dans le cadre de l'orthodoxie de l'Église.
Ce n’est pas parce que Jésus s’exprimait en araméen que les évangiles de Luc, Jean et Marc sont plus fidèles à la pensée de ce dernier, en effet ils ne font que traduire un texte original grec. Jésus parlait également l’hébreu qui n’était pas à son époque encore une langue morte mais plutôt la langue des notables, comme l’écrivent Joachim Elie et Patrick Chamane, nos traducteurs en français de la Peshitta. Ces derniers mettent en valeur certaines expressions tirées de l’araméen que contiennent ces textes, ceci produit des différences à la marge avec les évangiles que nous connaissons en français. Ainsi pour Mathieu 10, 34 l’évangile des chrétiens occidentaux et celui des orientaux disent successivement :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée ».
« Ne pensez pas que je sois venu mettre la concorde sur la terre. Je ne suis pas venu mettre la concorde, mais le glaive »
On voit très bien la volonté de porter un jeu de mots phonétique (la paix/l’épée) dans la première phrase.
Si nous possédions un texte écrit directement en araméen à partir des traditions orales, ce serait un tout autre esprit qui resortirait de cette version. En effet le grec savant et l’araméen sont des langues très différentes, qui n’ont pas la même syntaxe et les mêmes précisions en matière de vocabulaire.
Pierre Perrier a lui écrit récemment : « Depuis probablement 66-67, avant la destruction de Jérusalem en 70, des textes de référence des quatre évangiles furent copiés par sécurité pour être déposés et servir de référence à Ninive (Mossoul) et nous avons des copies, certes postérieures aux persécutions sassanides, mais dont certaines avec un colophon (attestation d’origine marquée sur les premières pages) notant que leur copie avaient été faite sur le premier texte rapporté à Ninive par un des 72 disciples ».
Pour connaisseurs Aucune illustration