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La gauche et le peuple

La gauche et le peuple
Flammarion 318 pages
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Avis de Adam Craponne : "Tout est permis mais rien n’est possible (Michel Clouscard)"

L’ouvrage était paru en 2014 et il s’agit d’un échange de correspondance effectué entre octobre 2013 et juin 2014 entre l’historien Jacques Julliard et le philosophe Jean-Claude Michéa.

Il s’agit de réfléchir au divorce actuel entre une bonne part du peuple et une certaine gauche. Ceci amène à réfléchir sur le moment où gauche républicaine et gauche révolutionnaire nouent une alliance. Selon Juillard :

« (…) la Révolution change la donne. Le pacte passé entre la bourgeoisie éclairée et les diverses couches du peuple n’est pas seulement politique, il est d’abord culturel. C’est l’idée qu’il y a un avenir commun possible entre toutes les classes de la société, et que cet avenir repose sur le développement des sciences et des techniques. (…)  le progrès scientifique produit le progrès technique, qui à son tour permet le progrès social, qui ouvre la voie au progrès moral d’une humanité réunifiée et enfin réconciliée avec elle-même. » (page 13)

Photographie absente de l'ouvrage

Pour Jean-Claude Michéa, c’est l’affaire Dreyfus marque le tournant de  l’alliance entre ces deux forces  sous l’étendard du progrès et du libéralisme. En fait parce qu’ils divergent sur l’origine de la gauche moderne, nos deux auteurs ne sont pas d’accord  d’abord sur ses objectifs, et ensuite sur les moyens qu’elle emploie pour tenter d’influencer la politique du pays. Julliard pense que  l’objectif principal des luttes de la gauche est l’amélioration des conditions de vie et que l’apparition de l’idéologie communiste a souvent coupé la classe ouvrière de la gauche républicaine. Toutefois si en France réformistes et révolutionnaires avancent côte à côte (en se combattant parfois), ils peuvent s’unir en cas de danger de remise en cause de certaines libertés. Aujourd’hui cette même gauche républicaine se trouve incapable de protéger le peuple contre les effets dévastateurs du capitalisme mondial dans sa forme financiarisée. « En suscitant une mobilité de la main-d'œuvre et des flux migratoires massifs, il a mis en place les conditions de heurts civilisationnels et de guerre de religion à l'échelle de continents entiers ».

Michéa avance que le combat en faveur des libertés individuelles et de l’égalité formelle laisse de côté la question d’une réelle meilleure répartition des richesses et du changement du mode de production. Il y a en fait un abandon d’un réel projet émancipateur sur le plan politique et humain pour défendre un système politique libéral. Le peuple se détourne d’une gauche républicaine qui ne lui propose plus que des combats pour les libertés (dont la mariage pour tous). Pour lui c’est cette gauche qui a abandonné le peuple alors que d’autres pensent que la montée du racisme et du chômage dans les classes populaires se sont traduites par un rejet des idées de gauche.  

La question est de savoir si un nouveau pacte gagnant/gagnant (pour reprendre un terme économique) entre les couches populaires et la bourgeoisie démocrate peut être élaboré. Michéa espère en la clairvoyance du peuple pour construire un vrai projet socialiste. Une chose est sûre c’est que la gauche réformiste française ne peut plus se contenter de gérer le capitalisme avec une pincée de social si elle veut apporter des solutions au malaise social. Est-elle capable de proposer des réformes réalistes, radicales et susceptibles d’être relayées par des forces dans d’autres pays ?  Par ailleurs peut-on parler aujourd'hui d'un peuple ou de diverses communautés dans les classes populaires?

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Adam Craponne

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