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Le métal dont nous sommes faits

Le métal dont nous sommes faits
L’Harmattan 294 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "La preuve par meuf"

L’action alterne entre deux moments historiques bien distants, le premier est l’année 2012 où Fanta Diallo, jeune étudiante de nationalité française mais dont les parents sont originaires de l’Afrique de l’Ouest, à partir de ses recherches pour soutenir une thèse en histoire contemporaine intitulé La relance de la politique coloniale de la France par Jules Ferry et les républicains opportunistes. Le fameux échange entre Ferry et Clemenceau, autour des races supérieures qui ont le droit de civiliser les races inférieures, est rapporté. (page 36)

On retiendra à ce propos ce que Fanta Diallo déclare :

« La nation n’a pas senti la relation historique qui se créait là avec les peuples sur lesquels elle exerçait son empire. (…) Ce que je voudrais, c’est éclairer sur ce que nous sommes aujourd’hui et dont les racines ont pris dans les coins obscurs de notre histoire et que le récit national que l’on nous sert ignore. » (page 215)

Le second est la période allant du Second Empire à la Première Guerre mondiale ; on y suit la vie de Paul Devincre,  inspirée de celle de Jules Garnier, découvreur d’un nouveau minerai à savoir le nickel. Par une publication en juin 1876 à l'Académie des sciences il fait connaître cela, toutefois c'est le minéralogiste australien W. B. Clarke qui invente le terme de "garniérite" en hommage à Jules Garnier. Ce dernier est né à Saint-Étienne en 1839 et mort près de Nice en 1904 mais enterré dans la préfecture de la Loire.

Jules Garnier durant la Guerre de 1870, où il défend Dijon puis doit détruire un pont sur le Loir pour  retarder l’avancée prussienne.

Fanta Diallo en vient non à changer de sujet de thèse mais à travailler particulièrement ce qui touche la vie de Paul Devincre et va chercher dans la maison au milieu des prairies, des bois et à proximité d’un étang étrange,  qui appartenait à ce dernier, aux Ombries en Aveyron ce que les archives de la société Terra Alta peuvent dire sur son personnage. Voici un extrait d’un mail qu’elle a envoyé à cette entreprise :

« Je cherche à éclaircir les relations ayant pu exister entre les politiques et les entreprises ou les entrepreneurs ultramarins contemporains de cette période et qui avaient soutenu cette politique. J’ai pu vérifier que votre société avait été créée en 1875 afin d’exploiter le nickel de Nouvelle-Calédonie.»     

Il s’avère que Paul Devincre avait pris conscience des ambivalences du progrès prôné par les républicains colonisateurs et d’ailleurs soutenu pour la grandeur de la France par tout le camp catholique et royaliste. Non seulement cet ouvrage apporte une réflexion sur la politique coloniale de la France et sur le nickel mais permet d’en apprendre plus sur la Nouvelle-Calédonie dont le bagne, qui accueille les anciens communards, ne ferme qu’en 1924.

coup de coeur !

Pour tous publics Aucune illustration

Ernest

Note globale :

Par - 318 avis déposés -

465 critiques
13/06/17


Débat autour de l'Encyclopédie de la colonisation française le mardi 20 juin à 18h30 au Musée de l'histoire vivante à Montreuil-sous-Bois (93).
Alain Ruscio
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