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L’honneur perdu du Général Cluseret: de l’internationale au nationalisme

L’honneur perdu du Général Cluseret: de l’internationale au nationalisme
Maisonneuve & Larose ; Hémisphères359 pages
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Avis de Adam Craponne : "Gustave Cluseret, un personnage romantique?"

Ancien  garibaldien et communard, le général Gustave Cluseret, est pourtant non boulangiste mais uniquement par hostilité au fait que, selon lui, Boulanger porte en lui un avenir de Napoléon III. Par contre il est pour les réformes proposées par les révisionnistes de gauche qui se réclament du général. D'ailleurs il fonde en 1893 à la chambre des députés, le groupe socialiste national où siègent de nombreux ex-boulangistes de gauche dont le républicain socialiste  André Castelin, le guesdiste Émile Massard et les blanquistes Ernest Roche ou Henri Rochefort.

Florence Braka reconstitue la vie du général Paul Cluseret, né à Suresnes en 1823 et mort à Hyères (dont il fut député) en 1900. À l’heure où les populismes remportent des succès électoraux, on peut se pencher sur la biographie de ce personnage. Notons d’abord que, fils de colonel, il a fait Saint-Cyr et a participé à la répression des ouvriers révoltés après la décision de fermeture des Ateliers nationaux en juin 1848. Toutefois il semblerait qu’il devienne sensible aux idées républicaines avancées dans les années qui suivent  et en quittant l’armée française, il va combattre dans la Légion des mille en Italie puis du côté nordiste durant la Guerre de Sécession et enfin aux côtés de révoltés irlandais en 1867.

Il est le Délégué à la guerre de la Commune de Paris, il reste à découvrir dans quelles circonstances et quel fut son rôle réel. Durant les dix années qui suivent la répression de la Commune, il vit en exil. De 1888 à sa mort, il est député du Var, sous l’étiquette de socialiste révolutionnaire. Dans les dernières années de sa vie, il est farouchement anti-dreyfusard et est resté toujours germanophobe. Par ailleurs « Cluseret est resté fidèle à ses convictions premières et attaché à deux principes mis en avant au temps de l’AIT : la primauté de l’économique sur le politique et la nécessité de la coopération » (page 242). Il est également un défenseur de la famille et donc pour une forte natalité ; il combat le jeu et par rapport à l’alcoolisme (véritable fléau à l'époque), il s’insurge contre tout ce qui est apéritif, ne se risquant apparemment pas à attaquer directement le vin (qui doit faire vivre certains des électeurs de sa circonscription).

Ceux qui connaissent un peu la biographie du radical Camille Pelletan seront doublement surpris par une phrase, qui prend appui sur un document des Archives nationales F7/15951 dont on ignore le titre : « Certains socialistes ont pu flirter avec l’antisémitisme dans les années 1880-1898, comme Malon, Regnard, Chirac ou encore Camille Pelletan qui est présenté en 1895 comme le trait d’union entre les socialistes de La Petite République non marxistes et les antisémites emmenés par Drumont, pour une alliance momentanée ».  Camille Pelletan écrivait encore, il est vrai,  dans La Dépêche du 31 octobre 1896 : « Est-ce que vous croyez qu’on a le droit de dire : "Cet accusé est innocent, le conseil de guerre a fait une infamie… " et puis de ne rien ajouter. Allons donc !… Je n’ai pas besoin de dire pourquoi je ne crois pas un mot de la prétendue découverte de M. Scheurer-Kestner ».  On se reportera, sur cette question là à Une dynastie de la bourgeoisie républicaine, les Pelletan, un ouvrage paru chez L'Harmattan en 1996  sous la plume de Paul Basquiat.   

 

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Adam Craponne

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