Avis de Xirong : "Ne pas confondre série uchronique et série urologique même si ici cela peut pisser le sang"
À la suite de la Croisade contre les Cathares au traité de Meaux en 1229 le comte de Toulouse perd une partie de ses terres à l’ouest du Rhône au profit du roi de France et à sa mort celles qu’il possède encore en Languedoc iront, par le mariage de sa fille avec Alphonse de Poitiers un frère du roi, à la monarchie française dans un délai d’un demi-siècle. Les terres à l’est du Rhône, dites du marquisat de Provence (de Valence à Avignon, sur une largeur allant jusqu’à cent kilomètres) doivent revenir au Pape. En fait elles restent sous une tutelle française jusqu’en 1271 par l’intermédiaire d’Alphonse de Poitiers et de n’est qu’en 1274 qu’une partie de celui-ci, à savoir le futur Comtat Venaissin revient à la papauté. Le chef de l’Église catholique est alors Gégoire X. C’est ce dernier qui va tenter de négocier une alliance avec les Mongols afin de sauver ce qui reste aux mains des croisés de la Terre sainte. En fait les papes n’arrivent en Avignon qu’en 1309 et y restent jusqu’en 1377. Cette ville n’appartient aux papes d’ailleurs qu’à partir de 1348, auparavant elle est pour partie puis pour totalité aux Angevins qui sont comtes de Provence et roi de Naples.
Le récit du tome premier de la BD "L’empire des steppes" démarre en 1242, du point de vue historique il est exact qu’après la bataille de Mohi le 11 avril 1241 en Hongrie, qui fait suite à la prise de Kiev en 1240, les Mongols envoient leur avant-garde jusqu’au bord de l’Adriatique (on signale leur arrivée dans deux villes côtières, l’une de l’actuelle Croatie et l’autre de présent état du Monténégro). Heureusement pour Venise en particulier, le khan Ögödei meurt en décembre 1241 et les chefs mongols avec leurs troupes refluent vers l’Orient pour participer à l’élection de son successeur. Ce dernier est Güyük et le pape Innocent VI envoie le franciscain Jean de Plan Carpin auprès du premier afin de lui remettre des lettres du pape dans lesquelles Innocent VI demande aux Mongols de ne plus attaquer l'Occident et propose à Güyük de se convertir au christianisme. Ceci est fait en 1246, Güyük répond par une demande de soumission à son pouvoir sans engagement de devenir chrétien.
Le scénariste a imaginé qu’en 1242 les hordes tatares arrivent à Rome et mettent le feu à la cité, alors que le pape avait déjà trouvé refuge en Avignon. Deux moines frère Guillaume et frère Matteo sont chargés d’aller porter un message de paix entre l’Occident et les Mongols, à la sortie de la ville ils ont une querelle avec un cathare ; même si cela semble difficile à imaginer en ce lieu, cela a le mérite de rappeler que le catharisme vient d’être réprimé. Seuls des érudits reconnaîtront en La Tana (qui s’appelle en fait Tana à l’époque) le port de l’actuelle Azov qui a donné son nom a une mer quasi intérieure, c’est là que nos franciscains rencontrent un religieux nestorien qui part avec eux en direction de Karakorum. Frère Guillaume sauve la vie d’un esclave chiite et ce dernier va devenir un adjuvant précieux pour lui, comme le lecteur se doute mais, comme il appartient à la secte des Assassins, on pourrait avoir de grosses surprises sur ses initiatives. Pour Frère Guillaume le récit se termine avec la perspective de débat entre exégètes des grandes religions d’Europe et d’Asie, tel que le franciscain Guillaume de Rubrouck raconte qu’il avait été acteur en 1254 à Karakorum.
Non seulement on a un moine pour héros, mais en plus on suit un chevalier normand (que la quatrième de couverture nous dit frère du premier) qui combat sans grand succès dans la grande armée destinée à faire barrage aux Mongols. Ceci permet d’exposer certaines tactiques de l’armée tartare. Il est probable que fait prisonnier ce chevalier soit en route vers la capitale du grand khan pour être vendu comme esclave. Il devrait y retrouver son frère à savoir le frère Guillaume.
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