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Corap : bouc-émissaire de la défaite de 1940

Corap : bouc-émissaire de la défaite de 1940
Perrin398 pages
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Avis de Octave : "Huntzinger est mort en novembre 1941, ce fut la chance de sa vie et la mort des espoirs de Corap"

Des instituteurs aux aviateurs, en passant entre autre par le manque de matériel, je croyais connaître tous les responsables que la propagande a rendu à l’époque responsable de la défaite de mai-juin 1940. Bien sûr celui dont nous allons parler fut mis en cause par le président du conseil Paul Reynaud (à ces fonctions jusqu’au 16 juin 1940) mais pour des raisons que nous verrons, le gouvernement de Vichy demanda à l’intéressé de ne pas faire savoir que l’enquête militaire menée l’avait disculpé.

En effet si ce n’est donc  Corap c’est son frère d’armes Huntziger (connu pour avoir négocié le contenu de l’Armistice de 1940) qui porte la réelle responsabilité des erreurs lors de la Bataille de Givet et de la Percée de Sedan, or ce dernier a la responsabilité du ministère de la Guerre du  6 septembre 1940 au 11 août 1941. Huntziger entre autre avait envoyé des blindés légers sans appui d'artillerie vers Sedan et fait preuve d’absence d'initiative face à l'offensive allemande. Il meurt le 12 novembre 1941 dans un accident d’avion sur un vol Alger-Aunat. C’est à travers les paroles de François Cochet rapportées page 310 que l’on comprend bien la question: « (C’est) Huntziger, qui replie bien trop préventivement ses troupes, qui ne sait pas saisir des opportunités pouvant réduire à néant la percée de Guderian, qui fait preuve de suffisance au moment de la drôle de guerre ». Quels autres militaires ont commis des erreurs lors de la percée de Sedan ? Billote, Georges et Gamelin. Le général Billote prisonnier s’évadera vers l’URSS (et sera longtemps député gaulliste), le général Georges (que Corap a connu lors de la Guerre du Rif et avait été chargé d’accueillir le roi de Yougoslavie assassiné en 1934 à Marseille) prend sa retraite en août 1940 et Gamelin passe des prisons de Vichy à celle de l’Allemagne.

Nul doute que la mort de Huntziger, qui lui a évité un procès ou militaire ou civil à la Libération, aurait permis de remettre en cause la stigmatisation subie par le général Corap. Paul Reynand continuera d’accabler le général Corap pendant toutes les années cinquante, ne désirant pas réfléchir sur ses propres responsabilités. Il est notable que le fils de Corap ait rejoint l’Algérie par l’Espagne et qu’il meurt, victime d’un snipper, le 21 novembre 1944devant le village de Schalbach dans un village mosellan aux limites de l’Alsace.

Toutefois revisiter cet épisode décisif de la Seconde Guerre mondiale n’est pas le seul intérêt de cet ouvrage. En effet, à travers la vie de ce militaire normand (né à Pont-Audemer), fils de tailleur, on va revivre la conquête du Maroc en 1911 et la Guerre du Rif une dizaine d’années plus tard. Il a été oublié généralement que le général Corap capture Abd el-Krim.

Au sujet de la Première Guerre mondiale, le général Corap pointe des défaillances dans le 15e Corps d’armée, composé de méridionaux, et on sait que cela donna lieu à une campagne de presse odieuse pilotée par le sénateur Gervais. Il s’agissait là d’excuser les erreurs de Joffre au début de la Première Guerre mondiale. Par ailleurs l’auteur donne page 326, à partir des Carnets du général Corap, une information inédite sur le commandant Wolff et non Wolf  (né à Colmar en 1869) deuxième fusillé pour l’exemple du point de vue des dates en 1914 et seul officier supérieur, à savoir que ce commandant du 36e RIC  (après en Indochine et Chine entre 1897 et 1912) était devenu opiomane.  Le général Corap rappelle aussi comment il a dû faire face à une mutinerie en 1917 (pages 73-74).  

Par ailleurs du point de vue familial, on apprend que le général Copra épousa la fille de l’amiral Victor Marin d’Arbel et que cette dernière a pour oncle le député radical-socialiste de la Marne Alfred Margaine qui refusa les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940.

Pour tous publics Aucune illustration

Octave

Note globale :

Par - 461 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
09/08/17
Le premier fusillé pour l'exemple, ceci est en date du 29 août 1914, ceci pour désertion. Il a son nom au monument aux morts de sa commune de naissance.

Extrait de sa fiche :
"Jean Marie Juquet, soldat du 36e Régiment d'Infanterie Colonial
Né le 20/04/1886 à Margerie Chantagret (Loire)
Motif de la condamnation : ???
Passé par les armes le 29/08/1914 à Gerbéviller Meurthe-et-Moselle"
Arrivé au corps le 4/08/1914.

Par ailleurs:
- Déclaré passé par les armes le 29/08/1914 à Gerbéviller selon sa fiche remplie par le corps.
- Déclaré mort pour la France le 10/10/1914 à 16 heures selon transcription de décès.
- Déclaré tué à l'ennemi à Gerbéviller entre le 28 et 31 aout 1914 selon son registre matricule
- Ne figure pas dans la base des morts pour la France (mémoire des hommes)"

http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/qui-cherche-quoi/fusille-deces-differente-sujet_10506_1.htm
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