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Place Aux Immortels

Place Aux Immortels
Plon383 pages
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Avis de Georgia : "La guerre est une chose trop importante pour la confier à des militaires"

— Espèce de cogne, lance un fantassin de la première guerre mondiale à un gendarme.

Considérés comme des planqués parce qu'ils ne vont pas directement sur le front et n'essuient pas les tirs et bombardements de l'ennemi dans les tranchées, la gendarmerie au cours de la première guerre mondiale est l'objet d'un ostracisme méprisant de la part des soldats d'infanterie que l'on nommait aussi les biffins.

Le 18 janvier 1915, dans le secteur de l'îlot de la Boisselle dans la Somme, le lieutenant Le Corre qui commande la première section de la seconde compagnie du soixante deuxième régiment d'infanterie meurt dans une tranchée. C'est encore un tribut de guerre, cette guerre que l'on pensait courte. Elle sera effroyable. Le sergent Fourquin prend aussitôt sa place. C'est ce que l'on appelle une nomination par appel d'air. Aussitôt mort, sitôt remplacé. Le roman commence comme un film de guerre classique, avec une description précise de la tenue militaire, des armes utilisées et du moral des troupes françaises.

Puis il bascule un peu plus en arrière, à l'état-major de la vingt-deuxième division d'infanterie où le colonel Testard,chef d'état-major du général Bouyssou reçoit Léon Cognard, nouvellement affecté au poste de prévôt de gendarmerie. Cet homme qui refuse des ordres quand il les juge stupides, à l'humour décalé et surprenant dans une équipe aseptisée en temps de guerre; a travaillé dans les brigades mobiles créées par Monsieur Clémenceau, surnommé le Tigre par ses hommes. Léon Cognard a donc connu les Brigades du Tigre qui dépendaient de la sûreté, donc de la police nationale. .

Installé dans une école primaire désaffectée à Albert, Léon Cognard prend la tête du commandement. Il travaille d'arrache-pied avec le greffier Bellec et se heurte à la rigueur du Maréchal des Logis Jouannic. Et puis, un jour, on vient lui annnoncer qu'un soldat de la soixante-deuxième section, le caporal Guyader s'est suicidé. La guerre veut ça, elle excuse ce geste de désespoir. Mais l'enquête dit autre chose et Léon s'accroche dur comme fer à ses doutes et à ses soupçons.

Le suicide sonne faux. Mais l'état-major refuse d'en entendre parler et justifie sa réputation de Grande Muette. Léon se met à dos ses supérieurs en jouant les Don Quichotte. L'auteur, Patrice Quélard nous explique que l'Armée a ses propres lois et que certains actes, insupportables dans la vie civile peuvent se comprendre sans pour autant les excuser. Il nous explique dans un premier temps, les attributions des gendarmes de la prévôté et leurs difficultés, use d'argot pour les nommer hirondelles, cognes, bourres....

Ils doivent gérer l'alccolisme des soldats quand ils ne se battent pas, font la chasse aux déserteurs, remettent les prisonniers de guerre à l'armée, circulent à cheval ou à vélo, écrivent des rapports à l'état-major et appliquent les procédures disciplinaires. Ils sont responsables de l'inhumation des morts à l'arrière du front et doivent prévenir les familles et quantité d'autres choses. Corvéables à merci, voilà ce qu'ils sont. Voilà ce que l'état-major fait d'eux. Des besogneux qui les remplissent de colère.

Tel est leur quotidien mais ce suicide qui n'en est pas un au bout du compte va révolutionner le petit monde plein de certitudes de la prévôté. Léon Cognard se heurte à un mur, à la bureaucratie de l'état-major, n'obtient aucun secours de ses supérieurs, ce qui ne l'empêche pas de leur répondre du tac au tac et d'user de panache. Ce mot revient sans cesse dans sa bouche et il se compare à Don Quichotte, luttant contre des moulins à vent.

Bien qu'il reconnaisse que l'Armée n'a pas vraiment tort car l'essentiel n'est-il pas de préserver et de sauver le maximum de gars afin que l'ennemi s'en aille ou  meure, Léon Cognard va laisser son empreinte atypique et philosophique sur ses hommes jusqu'à ce que l'armistice le libère de ses obligations militaires.

Ce roman, lauréat du premier concours de la Gendarmerie Nationale, ne se lâche plus dès qu'on l'ouvre; il pose des tas de questions, répond à certaines, en tout cas celles de Léon à propos de cette affaire. Il nous fait sourire par les jeux de mots et l'aspect iconoclaste de Léon Cognard comme le souligne l'auteur.

coup de coeur ! idé cadeau

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Georgia

Note globale :

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