Lettres et colis pendant la Grande Guerre

Louis Deshayes, député radical socialiste et conseiller général de l'Oise mais aussi maire de Méru, appartint à la Chambre à la Commission des P.T.T de 1914 à 1917. On lui doit la rédaction de rapports sur le fonctionnement de la poste aux armées et en particulier la décision relative aux franchises postales des mobilisés (page 27). Chaque jour, durant la Grande Guerre, ce sont au minimum un million cinq cent mille lettres (ou cartes postales) et deux cent mille colis qui sont déposés dans les bureaux de poste français.

L’auteur évoque les centres de tri de la poste aux armées, la fonction de vaguemestre, la très large féminisation de l’emploi dans les postes durant le conflit. On apprend qu’après avoir accordé fin 1915 un congé particulier d’une semaine aux institutrices lorsque leur conjoint est en permission, L’État donne le même avantage, six mois plus tard, aux femmes travaillant aux PTT (page 97). La rigidité de certains postiers est exposée à travers quelques exemples, cette qualité semble d’ailleurs se passer de générations en générations (page 125).

Les marraines écrivent beaucoup et par crainte de l’espionnage toute correspondance avec une marraine résidant à l’étranger est interdite à partir du 1er février 1916 ; lorsque les USA entreront en guerre, une mesure d’exception sera prise pour le courrier provenant ou à destination de ce pays. La question du courrier et des colis concernant les prisonniers français est largement évoquées. Ce sont les lettres provenant des marraines de guerre que l’Allemagne n’accepte plus à partir de 1916.

La Suisse joue un rôle capital de lieu de transit de la correspondance en lien avec les prisonniers et les populations des territoires occupés et il était bon de rendre hommage au dévouement la poste helvétique. Bref, alors que les livres présentant des lettres de poilus sont légion, voilà un ouvrage, sous-titré Organisation postale et enjeux, qui apporte de nombreuses informations inédites.