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La route de la Grande Guerre en Wallonie

La route de la Grande Guerre en Wallonie
Institut du Patrimoine wallon228 pages
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Avis de Adam Craponne : "Durant la Première Guerre mondiale, on voyait Saint-Trond au fond de la tasse"

"La route de la Grande Guerre en Wallonie" de Christine Caspers et Pascal Kuta est un ouvrage fort illustré qui, après une demi-douzaine de pages consacrées à la situation sur le front occidental durant l’ensemble du conflit est divisé en quatre parties. Chacune correspond à une province belge francophone : Liège (avec en plus un lieu dans le Brabant wallon), Luxembourg, Namur et Hainaut. La Wallonie fut le cadre de batailles très intenses au début du conflit alors que l’on était encore dans la guerre de mouvement et ce n’est pas pour rien qu’une station de métro parisien s’appelle "Liège" et que le miracle de Mons est dans l’imaginaire de plusieurs générations d’Anglais.

Il est assez adroit de commencer par la région liégeoise car c’est en grande partie par là que les Allemands pénétrèrent en Belgique ; accessoirement aussi ils passèrent par le grand-duché du Luxembourg pour entre dans le Luxembourg belge. Tous les sites mémoriels d’une région sont présentés de façon ordonnée et on peut repérer leur situation géographique précise sur une carte de taille fort convenable au début de l’ouvrage.

Ainsi pour la province de Liège on démarre par le monument au premier mort belge de la Première Guerre mondiale (le cavalier Fonck, âgé de 21 ans), le monument au fil électrique rappelant qu’entre les Pays-Bas neutres et la Belgique une clôture électrifiée fut construite, le cimetière et monument aux morts aux fusillés de Labouxhe-Melen (cas d’otages et de boucliers humains).

Il est intéressant d’apprendre que le mémorial interallié de Cointe à Liège est le fruit de deux projets concurrents dont un visait à édifier un monument religieux dédié au Sacré-Cœur. On donc côte à côte une église de style byzantin et une tour de 75 m de haut. Sur les côtés de celle-ci ou à l’intérieur se trouvent divers monuments : franco-belge, roumain, espagnol (afin de remercier Madrid pour son aide humanitaire dans la Belgique occupée), italien, grec (depuis 1988), britannique (arrivée en 1994), polonais (inaugurée en 1996) et enfin russe (en place depuis 2000).

Lorsque le souvenir prend tous les aspects de la propagande, cela est signalé. Un bon exemple porte sur le récit légendaire donné autour d’Yvonne Vieslet à Marchienne-au-Pont (page 158-159). Non elle n’est pas morte pour avoir donné sa couque (traduire son quatre-heures) à un soldat français. Ce récit est un mythe, elle fut en fait victime d’une balle perdue suite à un affolement d’un jeune soldat allemand qui veut disperser un groupe de Marchiennois venu en cette mi-octobre 1918 narguer les soldats d’occupation.

Ce qui frappe c’est la grande variété des nationalités dont on a tenu à mettre en avant l’action sur le sol belge. Pour les Français, on est même passé à des hommages à valeur régionale comme le monument des Vendéens à Tournai (pages 177 à 179) ou celui pour les Bretons à travers le caporal Pierre Lefeuvre héros de Tamines (pages 130 à 131) ou encore à celui de Maissin pour Bretons et Vendéens réunis (page 102). Le nombre de soldats français morts en Belgique, principalement en août 1914, est d'ailleurs très important.

Un index des noms de lieux cités, y compris étrangers comme l’Artois ou Aix-la-Chapelle st présent en fin d’ouvrage ainsi qu’un glossaire qui éclaire sur des termes d’architecture ou sculpture ou du vocabulaire militaire (comme "bataillon" ou "compagnie").

Ce qui sert de couverture au livre est la statue d’un fantassin (venu de l’hexagone) à l’entrée du cimetière français de Dinant. Pour cette ville, on retiendra que le lieutenant Charles de Gaulle est touché à la jambe le 15 août. Une statue du lieutenant Charles de Gaulle de 2,5 mètres de haut a été inaugurée le 15 août 2014 par un petit-neveu de Charles de Gaulle, elle est l'œuvre de l'artisan dinandier de Dinant Guido Clabots. Vu la date où le livre a été imprimé, la statue n'est pas représentée dans ce livre mais le site en question est signalé page 149.

On complètera cette lecture par celle de "Bruxelles la Mémoire et la Guerre 1914-2014" d’Emmanuel Debruyne, Chantal Kesteloot et Laurence Van Ypersele, ainsi que d’autres productions de l’institut du Patrimoine wallon comme "Sur les traces de 14-18 en Wallonie. La mémoire du patrimoine de Daniel Conraads et Dominique Nahoé".

"On voit Saint-Trond au fond de la tasse" est une expression liégeoise qui veut dire qu’on a affaire à un café très léger.

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Adam Craponne

Note globale :

Par - 733 avis déposés - lecteur régulier

461 critiques
05/07/16
Les 26, 27, et 28 août 2016 à Oignies (Belgique) pour la cérémonie d’hommage et les activités mémorielles concernant la bataille du Trou du Diable et le cimetière militaire franco-allemand des Nobertins.
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