La dynastie rouge, Corée du Nord 1945-2015

On doit notre titre à Jean de La Fontaine, ce sont deux vers de la fable Le chat, la belette et le petit lapin. Ces vers pourrait caractériser la Corée du nord telle qu’elle se devine au début du XXIe siècle.

 Le nom de "Corée du Nord" est intéressant si on le compare au défunt "Sud Vietnam" car il montre que jusque dans la fin des années 1940 les journalistes français résistaient à l’anglicisation de la langue française. Pascal Dayez-Burgeon qui a été diplomate en Corée de janvier à juillet 1997 puis à nouveau de septembre 2001 à août 2006 au sein du service culturel de l'ambassade de France, est l’auteur de La dynastie rouge, Corée du Nord 1945-2015. On a d’ailleurs pu l’entendre le 22 décembre sur France Inter dans le cadre de l’émission Un jour dans le monde. Il venait évoquer la situation actuelle de la Corée du Sud, qu’on qualifie de "Mai 68 coréen".  

L’auteur commence par réaliser la biographie des trois dirigeants successifs de la Corée du Nord ; en effet ce pays a été gouverné par Kim Il-sung, Kim Jong-il et Kim Jong-un. C’est à ce jour le seul état, se proclament comme une république, qui a vu à sa tête trois générations successives de la même famille. Kim Il-sung est le père de Kim Jong-il et le grand-père Kim Jong-un. L’auteur nous offre un arbre généalogique de la famille Kim depuis Kim Un-u (1828-1870) jusqu’aux enfants de Kim Jong-un et de ses frères et sœurs. Il est notable que le parti des travailleurs de Corée du nord a adopté en 2013 le 10e principe suivant :

« Notre parti et notre Révolution s’en remettent pour toujours à la glorieuse lignée Kim. » (page 22)

On voit que l’espace coréen a été rarement à la fois unifié et indépendant, Japon et Chine sont intervenus directement ou indirectement dans les affaires du pays. Ainsi le royaume du Koguryo  (ou Koguryo) est-il écrasé en 668 par le royaume de Shilla au sud-est de la péninsule grâce à l’appui que la Chine apporte à ce dernier.  Les Mongols ont par ailleurs occupé la Corée de 1259 à 1392, au XVIIe siècle les Mandchous envahissent le pays et le pays devient vassal de la Chine jusqu’en 1894. Par ailleurs, comme il y a une Chine du riz et une Chine de cultures sèches, il y a une Corée du riz et une du Corée du millet.     

Cette première partie étant consacrée à l’histoire de la Corée, celle qui suit évoque la famille des Kim. Kim Il-sung est né le jour de l’année du naufrage du Titanic alors que le Japon vient d’obtenir depuis deux ans la souveraineté sur le Japon. Son père s’exile en Mandchourie, rentre clandestinement en Corée où il est arrêté et torturé par les Japonais auxquels il échappe finalement mais meurt de ses blessures l’année suivante. Kim Il-sung a alors quatorze ans (page 110).

Pascal Dayez-Burgeon montre qu’en jouant sur la fibre nationaliste à l’intérieur, tous les dirigeants nord-coréens ont multiplié les chantages. Que ce soit par rapport à l’humanitaire qu’en lien avec le nucléaire. D’autre part durant ces dernières années les industriels chinois et sud-coréens ont investi aussi la situation économique évolue positivement mais entraîne le pays vers une société extrêmement inégalitaire.  

« Pour que les Kim perdent le pouvoir, il faudrait par ailleurs que l’on ait intérêt à les chasser. » Or les Coréens du Sud ne sont pas prêts à financer le coût de la réunification et la Chine n’est pas décidée à couper les vivres à la Corée du nord. « Les Kim sont encore là pour un certain temps. Mais ce temps est incertain » (p. 410).