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Un crime d’état sous l’empire: l’Affaire Palm

Un crime d’état sous l’empire: l’Affaire Palm
Vendémiaire 225 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Palm et duc d’Enghien: avec deux ans de distance deux crimes imputables à Napoléon Bonaparte"

À quoi reconnaît-on un bon éditeur de livre d’histoire ? À la présence d’un index des noms propres et d’une carte de l’espace géographique de l’époque.  Alors que tant de livres, excellents dans le contenu, se voient refuser une carte, on ne peut que se féliciter de la présence ici d’une vue de la Confédération germanique à sa naissance en 1806, date où se produit l’évènement. Notons que ce découpage ne dure qu’un an, puisque la Prusse en perdant la guerre contre Napoléon doit céder tous ses territoires à l’ouest de l’Elbe au traité de Tilsitt. Ceci a pour conséquence en particulier la naissance du royaume de Westphalie  confié à Jérôme Bonaparte et une future annexion de l’ancien électorat de Hanovre à la France.

Cette carte, page 201, montre très bien que la Bavière était clairement l’alliée de la France ; elle occupait alors tout le Tyrol (y compris sa partie méridionale appelée le Trentin, de langue italienne). D’ailleurs toute l’affaire reste dans le domaine bavarois puisqu’elle naît à Nuremberg, ancienne ville impériale libre devenue bavaroise en 1806 et se termine à Braunau-sur-Inn village bavarois jusqu’en 1779 devenue ensuite autrichien.

C’est le lieu de naissance d’Hitler et ce dernier dans Mein Kampf fait allusion à l’affaire qui nous intéresse car cette dernière exacerba considérablement le sentiment anti-français dans l’ensemble des pays de langue allemande. Né à Schorndorf dans le Wurtemberg en 1766, Johann Philipp Palm commence par travailler dans la librairie de son oncle à Erlangen. Cette ville appartenant à une des branches des Hollenzolern, elle fit un large accueil aux huguenots. Il se maria avec la fille du patron de la librairie Stein à Nuremberg, qui avait été ouverte en 1600. Il publia le livre L’Allemagne et son humiliation profonde. Arrêté et conduit devant le général Frère puis Berthier. Ce dernier est l’adjoint de Bernadotte, il est envoyé à la demande des généraux Français à la forteresse de Braunau-sur-Inn en août 1806. Cette cité, en territoire autrichien, est soumise à l’occupation militaire, à l’inverse du territoire du jeune royaume de Bavière (le duc est devenu roi par la grâce de Napoléon) ; on peut donc y tenir un conseil de guerre.

Johann Philipp Palm

Sur ordre de Napoléon, Palm est condamné à mort, alors qu’il se dit  étranger à la rédaction de cet ouvrage et ment sur le fait qu’il n’est pas l’éditeur. Toutefois on a la preuve qu’il a diffusé ce livre d’après en particulier des libraires d’Augsbourg. Cela, à sa grande surprise, suffit pour obtenir la peine capitale. Napoléon assure lui-même une large publicité à cette exécution puisque il décide que six mille exemplaires de la conclusion du jugement seront affichés dans les communes de la Confédération du Rhin.

Dans le reste des états européens l’information passe aussi. Palm passe pour un martyr de la liberté de la presse. Le souvenir persiste d’ailleurs puisqu’il existe aujourd’hui un prix Palm en rapport avec ce droit. Ceci amène à se pencher sur le fait que dès 1796 en Italie Napoléon Bonaparte pratique le politique des représailles envers les populations civiles qui habitent des villages où ont été tués des soldats français. C’est lui qui demande à son frère Joseph d’agir de même en Espagne exactement le même jour où il demande à Berthier la tête de Palm

Selon nous s’ils étaient encore vivants en 1814, ils n’étaient pas bon que les auteurs se découvrent car le texte est porteur à la fois d’une idée de nation allemande à laquelle les princes et l’Empereur d’Autriche sont opposés mais aussi d’une critique de l’action des souverains germaniques de l’époque (qu’ils soient alliés ou adversaires de Napoléon). Le comte Friedrich Julius Heinrich von Soden et un ancien pasteur devenu libraire à Passau Philipp Christian Gottlieb Yelin (1740 ou 1745 -1814) ont pu passer pour avoir écrit ce texte. Si le premier est écarté dans l’ouvrage Un crime d’état sous l’empire : l’Affaire Palm, le second retient toute l’attention de Michel Kerautret. La moitié de l’ouvrage est consacré à reproduire la première version de ce texte L’Allemagne et son humiliation profonde, traduit en français pour la première fois.

coup de coeur !

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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