Avis de François S.F. : "Très satisfaisant pour ceux qui aiment"
Mais il ne s'agit pas de s'en tenir aux bornes chronologiques du Moyen-Âge "officiel" : de 476 à 1453 ou 1492, il est question d'un long Moyen-Âge, non pas à la façon dont le concevait Jacques Le Goff, qui voyait des survivances de réalités de l'époque féodale ou seigneuriale et de mœurs ou de croyances caractérisées, à travers un temps long postérieur à cet âge de l'Histoire, mais dans une uchronie ou dans des univers terrestres parallèles qui donneraient place à un mixte de situations plus anciennes, actuelles ou à venir et d'un Moyen-Âge toujours vivant ou bien encore dans la reviviscence de modes médiévalisantes et dans la remise au goût du jour de styles faisant référence au Moyen-Âge mais à un Moyen-Âge revisité. Le phénomène que constitue le médiévalisme dans l'un ou l'autre de ses aspects n'est pas nouveau, mais il a connu plusieurs phases et a revêtu plusieurs atours : la moquerie à l'endroit de l'époque et des habitudes et mœurs médiévales proprement dites, très évidentes dans les œuvres de Rabelais et de Cervantès, il a ensuite laissé la place, par opposition ou par rejet du Moyen-Âge, à la référence préférentielle ou quasi exclusive à l'Antiquité à la Renaissance puis pendant ce que l'on a appelé le Grand Siècle. Heureusement et par réaction, avec l'apparition du romantisme, avec des figures littéraires comme Walter Scott ou Victor Hugo, entre autres, il y a eu un regain d'intérêt pour le Moyen-Âge, qui s'est traduit dans l'écrit, dans la pierre (sous la forme de restaurations de monuments abîmés par le temps où par la main des hommes ou de la construction d'édifices néo-romans ou néo-gothiques (avec Viollet-le-Duc qui croyait pouvoir donner les réalisations idéales d'un Moyen-Âge tel qu'il pensait qu'il aurait dû être , ou Louis II de Baviêre qui nous a laissé des châteaux de contes de fées), dans la peinture (avec les Préraphaélites anglais par exemple), dans le mobilier et l'imprimerie (on pense à William Morris), etc. La passion soulevée par la redécouverte du Moyen-Âge, qui a maintenant plus d'un siècle, a donné naissance à la fois aux recherches sérieuses menées par de savants historiens médiévistes mais aussi aux créations les plus libres dans l'utilisation d'une représentation décalée de ce passé ou au contraire par la volonté sincère de respecter scrupuleusement et avec un souci de réalisme ce que fut l'époque médiévale à travers des fresques cinématographiques ou par le biais de la fantasy (Tolkien, Rowling, Martin parmi d'autres). On a encore tendance à confondre Moyen Âge et barbarie ou à considérer qu'il est synonyme d'obscurantisme, ce qui est vrai sous certains aspects mais ce qui est aussi un cliché par beaucoup de côtés. Alors posons-nous la question : avec ce qu'il semble être pour beaucoup, serait-ce un repoussoir dont nous aurions besoin dans une époque comme la nôtre qui prétend être civilisée et irréprochable, mais qui n'a en réalité bien souvent que le vernis de cette perfection supposée ?
Les 124 entrées ou contributions écrites par 72 spécialistes n'épuisent évidemment pas le sujet mais leur somme constitue déjà une référence dans le domaine, observable lui aussi sous un angle historique. J'ai aimé tous les thèmes abordés, même avec la surprise que certains peuvent provoquer, et je ne déplore qu'une chose : l'absence d'article consacré à Eugène Viollet-le-Duc, grand oublié de ce tour d'horizon.
François Sarindar
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