Avis de Octave : "C’est moi l’Africain qui revient de loin"
L’ouvrage est sous-titré Les aventures d’un légionnaire suisse, déserteur et combattant au Maroc (1920-1934). L’intérêt de l’ouvrage est d’abord de présenter la façon dont les Français ont mené leur "pacification" dans le sud marocain (à distinguer évidemment du Rif dans la zone espagnole). Sans l’appui de l’aviation et les bombardements touchant l’ensemble de la population rebelle, les cibles pouvant être un marché par exemple, l'occupation de l'ensemble du Maroc aurait été impossible.
Les Allemands à la fois donnent fusils et munitions à des insurgés (page 137) quand dans le même temps les industriels allemands fabriquent des gaz mortels pour les Espagnols qui les déversent sur les révoltés du Rif. Par ailleurs, on découvre que les réseaux allemands incitant les légionnaires français à la désertion ne relèvent pas que de la fiction, comme aujourd’hui certains pourraient le penser
La seconde force du livre est de nous montrer la richesse de la vie de Fridolin Zehnder, né le 28 août 1897 dans le canton de Neuchâtel mais ayant passé quasiment toute son enfance en Suisse alémanique. Il s’engage à deux reprises dans la Légion étrangère, la seconde à Belfort.
Il est déjà aux Dardanelles en 1915 mais la partie la plus intéressante est celle de la douzaine d’années (entre 1921 et 1934) où au Maroc il est déserteur et converti à l’islam ; il vit dans des tribus chleuhs, y prenant même femme. Toutes sortes de coutumes, ayant rapport en particulier au sens de l’honneur et à la vendetta, sont explicitées à travers des épisodes de sa vie.
Non seulement l’auteur s’appuie sur deux ouvrages au nom de Fridolin Zehnder, mais il a exploré divers archives trouvées en France et dans d'autres pays. Il revient en Suisse, avant d’émigrer tardivement aux USA où il décède. Si une carte du Maroc est donnée, elle est de la main du personnage, et malheureusement ne figurent pas là les possessions espagnoles. Celles-ci sont situées au nord avec en particulier le Rif, au centre sur la côte avec Ifni et tout au sud en arrière du Cap Juby qui jouxte le Sahara espagnol. On apprécie la présentation, en fin d'ouvrage, de personnages cités, à quoi s'ajoute des informations sur les tribus évoqués et les lieux géographiques présents dans le texte.
Pour connaisseurs Quelques illustrations