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François Mitterrand, les trois années inconnues 1969-1971 Au pied d’Épinay

François Mitterrand, les trois années inconnues 1969-1971 Au pied d’Épinay
L’Harmattan 261 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Mitterrand n’était ni de gauche, ni de gauche en 1946"

En fait l’ouvrage ne se milite pas à la période 1969-1971 d'acteur public de François Mitterrand mais évoque assez longuement les débuts de la vie politique de François Mitterrand, donc pour la période de la IVe République. Fin 1946, lorsqu’il se présente aux législatives, c’est sur la liste la plus à droite qu’il est en tête et cette dernière se réclame de la liberté de l’enseignement. C’est par calcul qu’il n’a pas prit part au vote en 1951 au vote de la loi Barangé-Marie, qui finance l’enseignement privé, comme le pense l’auteur. Cette loi divise les mouvements de la Troisième Force qui dirige la France entre 1947 et 1958, d’un côté la SFIO et certains radicaux et de l’autre le MRP, les indépendants et l’autre moitié des radicaux. Sans le système des apparentements aux législatives de 1951, il n’y aurait pas eu tant de députés MRP et indépendants pour la voter.

Dans le ministère précédent celui qui fait voter la loi Barangé-Marie, il était ministre de l’Outre-Mer. C’est par rapport au devenir des colonies et de l’Algérie en particulier, que d'abord selon l’auteur François Mitterrand va se rapprocher des communistes. Ce dernier a évolué depuis 1954, année où ministre de l’Intérieur il proclamait que l’Algérie c’était la France. Le 28 mai 1958, François Mitterrand est dans la rue aux côtés des communistes. L’opposition commune à de Gaulle va bientôt souder cette alliance. D’ailleurs au deuxième tour des législatives de novembre 1958, le PCF retire son candidat. François Mitterrand est quand même battu dans une triangulaire où est élu Jéhan Faulquier du Centre national des indépendants et où s’est maintenu le candidat SFIO. Rappelons que le slogan de ce dernier parti est alors "À l’avant-garde de la Ve République". Et c’est toujours avec l’appui des élus communistes qu’il est élu sénateur en avril 1959. Finalement dans les premières années de la Ve République, c’est avec la SFIO  qu’il est le plus en conflit parmi les partis politiques de gauche.

Bien entendu l’auteur nous conte le roman de la présidentielle, L’Expresse lançant une candidature Deferre comme Le Nouvel observateur lancera une campagne en faveur de Ségolène Royal quarante ans plus tard et certains médias actuels promouvant Macron. Mai 1968 souffle le chaud et le froid pour François Mitterrand et signe la mort à terme de la FGDS (fédération des mouvements de la gauche non-communiste ayant des ambitions parlementaires).

Une agonie qui a pour conséquence le 5% des voix de Gaston Deferre en juin 1969 aux présidentielles et la seconde place de Poher. Jean Battut nous explique ensuite comment Mitterrand va agir pour la construction du nouveau, et bientôt dominant à gauche, parti socialiste. Cette mission il la vit concrètement dans la Nièvre et elle est largement illustrée par une suite de faits. Ceci est d’ailleurs l’occasion de rappeler quelques procès d’intention menés par Pierre Mauroy en 1968 et 1969 contre François Mitterrand. Au passage on apprend que l’animateur de radio et télévision Jean Bardin eut des responsabilités au sein de la Convention des Institutions Républicaines.  Léon Hovnanian, ancien député mendésiste, est membre du PSU puis de la CIR ; il est signalé comme adhérant (en fait réadhérant) au Parti radical (page 196), ceci aurait pu être l’occasion d’insister plus sur le danger de voir derrière Servan-Schreiber une rénovation du partir radical qui capterait des forces militantes qui auraient pu se retrouver au nouveau parti socialiste. Ceci d’autant que l’on sait pour les législatives de 1968, des accords officieux ou officiels furent passés entre le Centre démocrate et la FGDS (dont le parti radical était membre) ; Léon Hovnanian en bénéficia d’ailleurs pour une circonscription du Val-d’Oise (il était alors maire de Saint-Gratien).

Cette photographie n'est pas dans l'ouvrage

Ce sont toutes les conditions dans lesquelles l’auteur vit la préparation puis la tenue du Congrès d’Épinay qui nous sont contées, en particulier l’épisode, bien mieux préparé qu’on ne croyait, qui se traduit par l’alliance de la gauche du parti (le CERES) avec la droite du mouvement (Deferre et Mauroy) conte le centre (Savary et Mollet). On notera qu’à la demande de Mitterrand, l’auteur présente au Congrès trois amendements l’un sur le front de lasse, l’autre sur le rejet d’une stratégie de troisième force (centristes alliés aux  socialistes) et le dernier sur la  base sociologique du parti. Le tout sur fond de références marxistes, on le devine évidemment… Il y a un index des noms de personnes, chose très appréciable et pas si fréquente que cela dans les livres d’historiens ; toutefois il y a quelques oublis dont celui de Léon Hovnanian.    

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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