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Mon père est parti à la guerre

Mon père est parti à la guerre
Folio junior 247 pages
1 critique de lecteur

Avis de Zaynab : "Les guerres sont comme le bus. Tu en rates une, tu attrapes la suivante"

Notre titre est tiré de cet ouvrage et en effet on a tout lieu de penser que le héros, enfant durant la Première Guerre mondiale, a servi sous la Seconde Guerre mondiale. Cet ouvrage est sorti en 2013 en Grande-Bretagne 2013 sous le titre "Stay where you are and then leave", il est publié dans une édition luxueuse en 2014 chez Gallimard jeunesse, si bien qu’en France on en a déjà vendu 200 000 exemplaires. Il est un des rares ouvrages de littérature de jeunesse à traiter des chocs psychologiques chez les soldats qui sont les conséquences de leur présence au front ; appelé vulgairement "obusite" ce mot  se traduit en anglais par "shell-shock" et en allemand par "Kriegszitterer".

Le deuxième paragraphe situe bien dans le temps le début du conflit:

« Les combats avaient commencé le 28 juillet 1914. Certains pourraient ne pas se rappeler cette date avec autant de précision, mais Alfie, lui, ne l'oublierait jamais. C'était le jour de son anniversaire ».

C’est en effet ce jour-là que l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et dans la nuit du 18 au 29 les divisions d'artillerie autrichienne bombardent brièvement Belgrade. D’ailleurs le 27 juillet un soldat de l’armée austro-hongroise avait déjà ouvert le feu sur la rivière Sava (à la limite de la Croatie et de la Serbie) en tuant un soldat serbe.

Alfie a cinq ans en cet été 1914 et son père se décide à se porter volontaire (la conscription n’est pas encore décidée en Angleterre). Les lettres de son père changent progressivement de ton, puis tout courrier s’arrête. Ses voisins et amis, originaires de Prague donc sujets austro-hongrois, sont envoyés dans un camp sur l'île de Man.

Alors que sa mère enchaine les petits travaux, Alfie devient ponctuellement cireur de chaussures. En s’occupant d’un de ses clients à la gare de King's Cross, il voit de façon inattendue le nom de son père sur une liasse de papiers appartenant à un médecin militaire. Perplexe et confus, Alfie se rend compte que son père est dans un établissement médical. Il se renseigne et apprend qu’il s’agit d’un hôpital à Ipswich dans le Suffolk traitant les soldats avec une situation inhabituelle. Alfie est déterminé à sauver son père de ce lieu étrange, déconcertant, pour cela il va rencontrer, en compagnie de sa mère le premier ministre Lloyd George.

« - On appelle cela une psychose traumatique, répondit Margie, et Alfie ouvrit de grands yeux : c’était l’expression qu’avait utilisée Mariabbe Bancroft dans le train.

- Ah, oui ! s’exclama M. Lloyd George. C’est effectivement le nom. M. Asquith m’en a parlé, c’est une affection qu’on a du mal à s’expliquer». (page 176)

Vulgairement appelée "obusite" le traumatisme de guerre a fait parfois l’objet de déni ou de traitements violents en France. Les adultes, qui veulent en savoir plus, se reporteront à notre présentation ici de "La folie au front. La grande bataille des névroses de guerre (1914-1918)" de Julien Bogousslavsky et Laurent Tatu.

Voilà donc un roman historique pour les jeunes, qui sort des sentiers battus. Il est à faire découvrir et on en fera prolonger la lecture par un ouvrage pour collégiens et lycéens qui évoque les traumatismes liés à la Guerre d'Afghanistan, à savoir "La blessure invisible de mon père" de Claudine Paquet et Annick Gaudreault. Nous l'avons déjà chroniqué ici. L'ouvrage documentaire "50 clés pour comprendre la Grande Guerre 1914-1918" nous semble le seul parmi ceux destinés au jeune lectorat à aborder la question de l'obusite à sa page 51.

Accessible jeunesse Aucune illustration

Zaynab

Note globale :

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