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Néron en Occident : une figure de l’histoire

Néron en Occident : une figure de l’histoire
Gallimard407 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Où l'on évoque des crimes de Néron contre les chrétiens et pas des crimes des chrétiens contre les Nez-Percés"

Donatien Grau écrit au sujet de Néron qu’ « aucun empereur (romain) ne peut entrer en compétition avec (lui) pour la postérité ». Voilà l’image significative qu’en donne le blog des troisièmes latinistes:

« Enfant, Néron était très studieux. Adulte, il devient orgueilleux et vaniteux. Néron n’aimait pas les critiques. Il était très attiré par les jeux et passionné d’arts. Il jouait de la cithare. Néron était un sadique et un vicieux. Il était très érudit de culture. Néron était aussi un empereur gai, son amant Othon résidait à son palais (…)

Il marqua la vie de Rome à cause de son sadisme, et des nombreux assassinats des membres de sa famille :

  • il a éventré sa mère en 59, après avoir tenté de la faire assassiner maintes fois
  • il a empoisonné son demi-frère Britanicus en 55
  • il a fait ébouillanter son épouse Octavie en 62
  • il piétine sa 2ème femme Poppée en 65.

     Il a mis le feu à Rome en 64, afin de reconstruire une nouvelle ville à son nom ».

http://lewebpedagogique.com/zaidane2/2009/05/10/imperator-nero-clavdivs-caesar-avgvstvs-germanicvs/

Ceci est bien le reflet de la vulgate historique qui a cours en notre début de siècle autour du personnage. Donatien Grau se donne comme tâche de montrer en quels termes on a parlé de lui au cours des siècles. Il commence évidement par un chapitre intitulé "Néron en son temps", ce qui nous permet de voir quels textes et quelles représentations iconographiques (par les monnaies en particulier) on a de lui dans la période où il vit ou peu après sa mort. Son plaisir à se mêler de poésie n’est pas goûter par tous et le poète stoïcien Perse dans la première de ses Satires, l’aurait comparé au roi Midas, qui avait comme on sait des oreilles d’âne (page 29). Pour ses contemporains est-il on non un nouvel Apollon ou le continuateur de l’oeuvre d’Auguste ?

Dans sa deuxième partie notre auteur écrit :

« la mort de Néron a, quant à elle, marqué une coupure nette dans la geste latine (…). Car le suicide de Néron signa l’arrêt de mort de la domination de Rome par les aristocrates issus des lignées républicaines (…) Mais les Flaviens, puis les Antonins et les Sévères, étaient d’extraction infiniment plus modeste. C’est donc la fin du monopole aristocratique sur le pouvoir que signa Néron dans la villa du Phaon ». (page 102)

Cette figure mythique, née en 37 de ­notre ère, règne dans la période où le christianisme commence à se faire remuant dans une bonne part de l’empire romain et si le chapitre deux montre combien il peut passer pour "le tyran des mondes païens", le chapitre trois pointe qu’il est apparu aussi comme "le monstre du christianisme.  

À la Renaissance on revisite l’Antiquité gréco-romaine ses agissement servent de support à une réflexion notamment « centrée autour de la question du meilleur gouvernement, de la monarchie, de ses excès et de ses limites, notamment liés au problème de la tyrannie et à la légitimité du tyrannicide ».  (page 217)

On ne s’étonnera pas que dans "L’Histoire de Juliette", le marquis de Sade fait dire à un de ses personnages que Néron lui est bien cher et auparavant Voltaire et Diderot ont mis en doute tous les crimes que l’on imputait à cet empereur romain. Le dernier chapitre s’intéressent à la vision de Néron que l’on porta depuis les romantiques à nos jours se nomme "Hors de l’histoire" et est composé de trois parties qui s’intitulent "Néron esthétique", "Les héritiers de Quo vadis ?", "Le Néron du savoir". Toujours présent dans les bibliothèques, Néron s’impose aussi sur les scènes d’opéra, le  théâtre et la pellicule. Parce que cet ouvrage fait largement l’impasse sur la dimension théâtrale pour cette dernière époque, nous renvoyons à la page internet suivante on peut le découvrir ici http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_1siecle/neron/index.html. D’autre part est sorti fin février 2015, le livre qui présente le texte de la pièce "Néron : mystère de l’histoire" d’André Dunes ; nous avons présenté sur ce site.

Dans la conclusion Donatien Grau avance que l’intérêt pour ce personnage tient en partie du fait qu’il porte en lui l’image de la transgression. D’autre part il écrit:

«  Néron est à la fois du côté de la poésie – doublement comme poète et comme figure de poésie – et de l’histoire – comme empereur ayant fait, justement, l’Histoire. Toute évocation de sa figure est donc chargée d’une sorte de frisson de scandale, en même temps qu’elle participe aussi souvent d’un questionnement des structures du pouvoir ». (pages 365-366)

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

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