Les rencontres de la laïcité: Laïcité, l’avenir ensemble

Ce livre est le fruit des propos tenus par trois personnes, à savoir Fatiha Agag-Boudjahlat, Frédérique de la Morena et Georges Bringuier. La première était alors professeur d’histoire-géographie au collège Maurice Bécanne à Toulouse (elle est actuellement principale adjointe dans un collège de Bourgogne), la seconde Frédérique de la Morena est maîtresse de conférences en droit public et Georges Bringuier est inspecteur honoraire de l’Éducation nationale par ailleurs membre fondateur du Comité Laïcité République. Par ailleurs Georges Méric, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne, donne une préface de sept pages. La conclusion de cette dernière est l’occasion de citer Pierre Mendès-France (qui fut Président du Conseil entre juin 1954 et février 1955), un franc-maçon, fervent laïque issu du radicalisme et passé par la suite au PSU. Citons ces propos : « La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir » (page 17).

Il s’agit là de décliner la laïcité dans ses dimensions notamment scolaire, juridique, sportive et étrangère. La montée du communautarisme a également retenu l’attention.  On démarre par un échange autour de la laïcité, puis on passe successivement aux idées que la laïcité est une spécificité française (ce qui est selon nous "une hérésie"), aux façons d’enseigner la laïcité, à la notion de liberté de conscience, aux différentes conceptions de la laïcité dans l’espace hexagonal, aux modalités de formation des enseignants à la laïcité, pour conclure en annonçant un « avenir radieux  autour de la laïcité ».

C’est toujours un plaisir de lire les postures intellectuelles de Fatiha Agag-Boudjahlat. On relèvera particulièrement ces propos : « Beaucoup disent qu’il faut que les professeurs soient plus formés, mais je préfère que les professeurs ne soient pas formés du tout que par l’Observatoire de la laïcité » (page 64) ou « J’ai voulu lancer l’idée, mais personne ne l’a reprise au vol, de démarrer les démarches pour faire inscrire la laïcité au patrimoine immatériel de l’Unesco. Avec les élèves, on avait fait une vidéo sur le sujet, et j’ai vérifié, elle remplit toutes les conditions exigées par l’UNESCO. Le couscous et une danse folklorique y sont bien inscrits, eux ! » (page 91). Mon lecteur est invité à juger par lui-même de la pertinence de l’idée en consultant https://ich.unesco.org/fr/qu-est-ce-que-le-patrimoine-culturel-immateriel-00003).      

Les propos du débat sont rapportés sur une vingtaine de pages. Fatiha Agag-Boudjahlat prouve là qu’elle peut aussi répondre judicieusement à des questions. Elle avance que la laïcité n’a pas à être convoquée pour réprimer certaines violences. Georges Bringuier distingue laïcité et sécularisation. Frédérique de la Morena répond à une question autour de la scolarisation dans l’enseignement privé ou par la famille, posant sans développer le problème du financement des établissements privés.  De plus, elle évoque des exceptions aux principes de la laïcité et se déclare favorable à la constitutionnalisation des deux premiers articles de 1905 (projet d’ailleurs largement porté par les francs-maçons du Grand Orient en 2025, en particulier par une pétition). Fatiha Agag-Boudjahlat avance que c’est la loi de 1905 qui autorise à ouvrir une aumônerie religieuse dans les établissements secondaires. En fait cette loi prévoyait de le faire dans uniquement ceux ayant un internat et c’est une mesure prise par le ministre de l’éducation Monory qui ouvrit cette possibilité pour tout collège ou lycée.