Avis de Adam Craponne : "Mieux vaut un mauvais roi de France qu’un bon roi de France allié de l’empereur romain germanique"
En 1473 arrive en métropole, par le port d’Aigues-Mortes pour assister à l’élection du nouveau roi de France, l’ambassadeur du Mali avec ses amazones. Les concurrents au titre sont celui qui deviendra dans l’Histoire Louis XI et son rival Charles le Téméraire.
Rappelons que l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé et d’imaginer les conséquences que cela aura. Ici le scénariste ne s’embarrasse pas d’adaptation de recherches historiques. Quasiment tout est à contre-emploi ou à contretemps ; ceci du très important à savoir que la couronne de France n’est plus élective depuis 987 au détail qui suit. Située en 1468 (page 41 dans la BD) la bataille entre Suisses et écorcheurs armagnacs (conduits par le futur Louis XI) se déroule en faut en 1444 et a pour nom la bataille de la Birse. L’ouvrage Suisse et France: Cinq cent ans de Paix perpétuelle 1516-2016 raconte longuement ce conflit et sa conséquence à savoir un traité de "bonne et sincère amitié" signé alors (donc bien avant les suites de la bataille de Marignan).
Apparaît aussi dans cet album Jeanne d’Arc, très sérieusement rajeunie, puisqu’en 1473 elle aurait dépassé soixante ans, un âge que d’ailleurs quasiment personne n’atteignait alors (y compris dans la noblesse) et surtout pas ceux dans le métier des armes. Notre pucelle s’intéresse de près à une des amazones. Avec le titre La ballade des pendus se devait aussi d’être présent Villon dont on perd la trace en 1463, mais qui aurait eu quarante-quatre ans en 1473. La peste noire, qui a sévi un siècle plus tôt, est présentée comme active au milieu du XVe siècle et selon ce récit a eu de nombreuses conséquences, y compris religieuses.
Sur un site internet, un lecteur de cette BD dit, que ne connaissant pas bien cette période, il regrette de ne pas avoir compris ce qui relevait du fait historique et de l’imaginaire. Cette remarque est très intéressante et vient malheureusement justement prouver que le lecteur de cette BD n’apprendra pas grand-chose de véritablement historique au-delà du fait qu’au Mali à la fin de notre époque médiévale existe autour du cours supérieur du Niger et du fleuve Sénégal dans son ensemble, un puissant empire. Maintenant rien n’interdit d’aimer ce récit passionnant et original qui se clôt par deux pages dont l’action se déroule à Orléans, Jeanne d’Arc (bien vivante) oblige.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations