Avis de Adam Craponne : "Angélique regrette le farci poitevin, pourtant elle ne manque pas à Paris de se prendre le chou"
Cinq films réalisés par Bernard Borderie , après avoir connu un énorme succès commercial au cinéma, furent plusieurs dizaines de fois rediffusés à la télévision et sont rentrés dans le patrimoine culturel de plusieurs générations de Français. Leur sortie sur le grand écran s’est faite en 1964 pour Angélique, marquise des anges, en 1965 pour Merveilleuse Angélique, en 1966 pour Angélique et le Roy, 1967 pour Indomptable Angélique, 1968 pour Angélique et le sultan. Par ailleurs un remake des premières aventures, sous le titre d’"Angélique", est proposé en 2013.
Angélique a passé son enfance dans le Bas-Poitou, entre Fontenay-le-Comte et Niort. Après avoir perdu son mari, accusé de sorcellerie (par un Louis XIV jaloux de des richesses, comme il l’avait été de celles de Fouquet), elle s’est rendue à Paris où elle a fréquenté une bande de malfaiteurs dirigée par Nicolas, un ami d’enfance.
Elle a imposé le mariage son cousin Philippe du Plessis-Bellière, grâce à un chantage dont l'objet est une conspiration contre le roi qu'elle a découverte quand elle était jeune qui demeurait rue Saint-Antoine, mais elle préfèra habite en son hôtel de la rue de Beautreillis. Elle séjourne quelques jours à Saint-Cloud, chez Philippe d'Orléans, le frère du roi et découvre le château de Versailles, alors en chantier.
Dans ce troisième volume, son second mari lui cause bien des ennuis. Il commence par la faire enfermer chez les sœurs, heureusement elle va se faire passer pour une racoleuse, ce qui lui vaut la sympathie intéressée d’une fille enfermée comme elle au couvent :
« Angélique observait la servante avec curiosité. C’était
peut-être le seul contact qu’elle aurait avec l’extérieur pour la
journée entière. Il fallait profiter de l’occasion. La fille ne semblait
pas être une lourde paysanne comme on en trouve généralement
à balayer les cloîtres. Jolie même, avec de grands yeux noirs
pleins de feu et de rancune et une façon de remuer les reins
sous ses cottes de futaine qui en disait long sur ses activités
passées.
L’oeil averti d’Angélique ne pouvait s’y tromper, pas plus
qu’elle ne se méprit sur la qualité des jurons que la fille laissa
échapper en faisant tomber par mégarde la cuillère du plateau.
C’était à n’en pas douter l’une des plus accortes vassales de
Sa Majesté le Grand Coesre, roi des Argotiers ».
Une fois échappée, elle se réconcilie avec son mari mais celui-ci, autrefois prêt à la jeter dans les bras de Louis XIV au cas où il en tirerait des avantages matériels, est devenu jaloux du roi. Ce dernier déclare à Angélique:
«Vos craintes sont folles, ma beauté… Vous ne connaissez de moi qu'une apparence. Pour quelle femme aurais-je pu me montrer indulgent ? Les tendres sont geignardes et sottes. Les ambitieuses ont besoin de sentir la férule pour ne pas tout dévorer. Mais vous… Vous êtes née pour être sultane-bachi, comme disait ce sombre prince qui voulait vous enlever. Celle qui domine les rois… Et déjà j'en accepte le titre. Je m'incline. Je vous aime de cent façons. Pour votre faiblesse, pour votre tristesse que je voudrais rassurer, pour votre splendeur que je voudrais posséder, pour votre intelligence qui me révolte et me confond, mais qui m'est devenue nécessaire comme ces objets précieux d'or ou de marbre, presque trop beaux dans leur perfection que l'on a besoin d'avoir, là, près de soi, en gage de richesse et de force. Vous m'avez inspiré un sentiment inconnu : la confiance».
La favorite, Athénaïs de Montespan va contrarier les plans du monarque et notre héroïne manque d’y laisser la vie. Angélique apprendra toutefois de la bouche du roi que son premier mari n’est pas mort (un cadavre a été brûlé à sa place).
S'exposant avec une imprudence calculée, Philippe du Plessis-Bellière, devenu jaloux du monarque, est tué au siège de Dole qui ouvre à l’annexion de la Franche-Comté jusqu’à là espagnole). Elle apprend par ailleurs que son fils Cantor, qui servait le duc de Vivonne, grand Amiral de France, a disparu dans le naufrage d'un des bâtiments du duc, lors d'une attaque par l'un des plus grands pirates de la Méditerranée, le Rescator.
Ce volume met en scène une grande partie de l’univers intellectuel (en particulier Bossuet, La Fontaine, Racine, Mme de Sévigné) qui gravite autour de première partie du règne de Louis XIV gouverne seul (avant 1661 Mazarin conduit de fait les affaires). L’auteure sait merveilleusement agencer les faits histotiques dans son intrigue fictionnelle. La série se déroulant sur trois parties de continents (l’Europe occidentale, l’Afrique du nord et l’Amérique du nord) ; on a une bonne idée de la façon dont pouvait alors s’adapter les Européens à la vie en compagnie d’autres peuples.
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Les auteurs sont Olivier Milhaud et Dara.
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