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Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande guerre

Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande guerre
La Nuée bleue510 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "Goddverdommi !"

Jean-Noël Grandhomme avait déjà dirigé il y a quelques années chez le même éditeur l’ouvrage Boches ou tricolores ? Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre. Il y présentait en particulier une communication très intéressante sur les prisonniers roumains en Alsace-Lorraine, ces derniers étaient considérés comme des traîtres par les Allemands car, comme les Italiens, ils étaient potentiellement des Alliés en 1914 et étaient devenus adversaires dans les années qui suivirent. Francis Grandhomme avait traité du Cimetière national des prisonniers français situé à Sarrebourg.

Page 28 des Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, l’ouvrage a le mérite de mettre fin à la légende du premier mort allemand de la Grande Guerre comme alsacien. On pourra ajouter que ce n’est qu’en 1913 qu’il arrive en Alsace pour effectuer son service militaire et que par sa mère, il serait descendant de huguenots français.

(voir http://www.wessenberg.at/menuseiten/Joncherey.pdf )

Un témoignage non rapporté dans Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre va à l’encontre de ce qui est écrit par les deux auteurs ; loin de se vanter qu’il tuerait le premier Français (ce qui est impensable), ce lieutenant aurait été très réticent à mener cette patrouille en territoire français. Souvenons-nous qu’on est à la veille de la déclaration de guerre et que l’autre victime, le caporal Peugeot, n’est pas non plus alsacien, mais du pays de Montbéliard qui a appartenu aux ducs de Wurtemberg jusque vers 1800.

L’ouvrage nous offre une brillante synthèse autour de la place des Alsaciens-Lorrains dans les deux armées, des opérations militaires sur son sol (essentiellement les offensives françaises de l’été 1914), des exactions de la soldatesque germanique (beau paradoxe où les envahisseurs sont moins à craindre que les défenseurs théoriques du Reichsland) et de la vie des civils dans deux espaces totalement différents. En effet, environ 500 km2 longeant le sud du département des Vosges et le Territoire de Belfort ont une présence constante des autorités françaises durant toute la durée de la Grande Guerre ; la politique de francisation y est très énergique. Le reste du Reichsland est sous la dictature militaire, ce qui n’est pas enviable et ne bénéficie pas au point de vue matériel du même relatif confort. Dans ce phénomène à double détente, le désir de vitrine de bonheur des populations civiles que la France entend donner à sa propre opinion ainsi qu’aux Alliés et aux neutres s’y ajoutant aux conséquences du blocus allié.

Sont considérés ici comme des Alsaciens aussi ceux qui descendent de familles d’optants de 1871, très nombreux à Belfort où l’ un des deux principaux journaux s’appelle L’Alsace (il est catholique). L’autre, laïc, a pour titre La Frontière, ce qui nous fait penser au célèbre mot de Gambetta, attribué à tort à Jules Ferry, au sujet de l’Alsace-Lorraine : « Y penser toujours, n’en parler jamais ». Depuis 1871 et jusqu’en 1919, le département du Haut-Rhin est le nom d’un département qui couvre la Trouée de Belfort et ses environs vosgiens et jurassiens. Ces familles alsaciennes optantes donnent également leurs filles, dans un nombre non négligeable. Le souvenir de l’infirmière belfortaine Caroline Geiger est mis en exergue car, suite à son décès en mai 1917 dans un hôpital militaire, elle a obtenu la mention d’être morte pour la France, rejoignant là un groupe restreint de femmes. Aux USA ces familles d’origine alsacienne ou des environs de Metz sont généralement très actives dans la propagande française mise en œuvre avant l’entrée en guerre des États-Unis.

Le livre Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande guerre de Jean-Noël Grandhomme et Francis Grandhomme s’appuie sur un nombre incommensurable de témoignages oraux transcrits, écrits ou iconographiques. La couverture est de Toni Ungerer, un artiste alsacien dans la caricature et la littérature de jeunesse qui avec Hansi a droit à son propre musée ; l’un est à Strasbourg, l’autre en Alsace vosgienne.

Mon village d’Hansi vient d’être réédité (chez La Nuée bleue) à l’occasion du centenaire de sa première publication ; nous présenterons à la fois l’ouvrage et un extrait (de la même façon que nous l’avons fait avec Les Pieds-Nickelés s’en vont en guerre). De son vrai nom Jean-Jacques Waltz, Hansi s’est déjà fait le crayon et la plume à la Belle Époque sur le dos des Allemands qui vivent ou visitent son Alsace francophile. Une photographie pleine page nous le montre dans les tranchées.

Octave

Note globale :

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